Les constantes, dans les formes sonates

Formule V de IV – IV – V – I

Tant pour les premiers thèmes de l’exposition que pour une extension cadentielle, Mozart utilise abondamment la formule V de IV – IV – V – I, souvent sur une pédale de tonique, comme agent d’affirmation de la tonalité. Il s’agit probablement d’une des formules d’installation de la tonalité la plus équilibrée : deux couples V-I, les deux situés à égale distance de la tonique. On retrouve cette formule dans un nombre considérable de mouvements de sonate; en effet, on retrouve au moins une fois cette formule dans pas moins de quatorze mouvements de sonate sur trente-trois! C’est plus souvent qu’aucune autre formule harmonique clairement articulée.

Exemple 10 : Sonate no2 en fa majeur, K.280 (189e), premier mouvement (mes 1-10)


(Notez qu'un V vient s'intercaller entre le I et de V de IV, à la mesure 3)

On voit ici l’emploi de la formule pour articuler le premier thème du premier groupe de thèmes, sur une pédale de tonique. La formule sert de structure d’un thème dans quatre autres mouvements de sonate, soit :

  • la sonate no3 (K. 281) en si bémol majeur, premier mouvement (deuxième thème du premier groupe de thème (mes. 10), avec l’omission de V, qui suit à la mesure suivante) ;
  • la sonate no6 (K. 284) en ré majeur, premier mouvement (deuxième thème du premier groupe de thème (mes. 9));
  • la sonate no12 (K.332) en fa majeur, premier mouvement (premier thème du premier groupe de thème, mesures 1 a 4);
  • la sonate no 13 (K.333) en si bémol majeur, premier mouvement (troisième thème du deuxième groupe de thème (mes 50)).
  • Il utilise aussi la formule dans une codetta (donc du matériau qui n’est pas de remplissage), dans la sonate no17 (K.570), premier mouvement (codetta en fin d’exposition, mesure 73, avec l’interpolation d’un V de V avant le V de la formule).
Bien que Mozart utilise cette formule pour soutenir un thème, il l’utilise beaucoup plus pour renforcer la tonalité lors de passage que l’on qualifie de « remplissage », et plus précisément, lors des extensions cadentielles.

Ci-contre : exemple 11 : sonate no5 en sol majeur, K.283, premier mouvement, mes 50-53

 

Ci-contre : exemple 12 : sonate no9 en la mineur, K.310, deuxième mouvement, mes 27-31

On retrouve cette formule dans beaucoup de parties dites de « remplissage », soit dans sept autres mouvements :

  • la sonate no1 (K.279) en do majeur, premier mouvement (extension cadentielle du premier groupe de thème (mesure 12, troisième temps));
  • dans la sonate no3 (K. 281) en si bémol majeur, premier mouvement (extension cadentielle en fin de mouvement, mes 107-109);
  • dans la sonate no5 (K.283) en sol majeur, troisième mouvement (transition entre premier groupe de thème et deuxième groupe de thème, mes 25-32)
  • dans la sonate no12 (K.332) en fa majeur, deuxième mouvement (en fin de mouvement, l'extension cadentielle avec omission du V, qui arrive après, mes 39-40)
  • dans la sonate no13 (K.333) en si bémol majeur, premier mouvement (extension cadentielle en fin d’exposition, mes 59-63)
  • dans la sonate no13 (K.333) en si bémol majeur, deuxième mouvement (extension cadentielle en fin d’exposition, avec interpolation d’un minuscule II, mes 29-31)
  • dans la sonate no 14 (K. 457) en do mineur, premier mouvement (extension cadentielle en fin d’exposition, mes 67-71)