L’humidité a gelé pendant la nuit, créant des patterns étoilés sur les fenêtres de mon appart. C’est plus joli que des barreaux de prison. Je trouve pas trop l’envie de dessiner ces jours-ci. Ma tête est à côté de mon corps, dans dix mille labyrinthes. J’ai commencé la dernière jungle, je veux dire le contenu, j’ai pas dessiné une ligne. J’ai pris des nots et des notes et des notes et j’en finis pas de creuser.
Je dis pas le thème de cette jungle ici tout de suite. Mais c’est un sujet très très très vaste et pas mal tabou, je me rends compte. Des fois je dis sur quoi je travaille à des proches, il y a une réponse de fascination ou une réponse de malaise. Ce sujet me force à plonger dans mes abysses, et l’abysse me regarde. Je me suis dit que pour la dernière jungle, il fallait que je me plonge dans quelque chose de… hum… comment dire… qui me mette en danger.
Donc voilà je suis on the edge encore une fois.
Le travail que je fais me demande un peu d’être cloîtrée. C’est pas obligé, mais c’est comme ça que je le sens. Faque je fais pu de stories sur instagram et j’update moins ici. Haha c’est vraiment drôle! Depuis que j’ai recommencé mon blog, j’ai retrouvé le vieux feeling de “il faut que je donne à manger à mon blog!” Tsé, le petit stress? J’avais absolument pas ça sur instagram! C’est peut-être ce petit stress qui me fait écrire en ce moment. En tout cas je me sens définitivement mieux et plus libre et plus chez moi ici, je regrette pas du tout mon move!!!!!
Pis j’ai l’impression que m’adresser à quelques amis, plutôt que de crier dans une agora pleine de bruit. Pas désagréable.
Demain, si tout va bien, je reçois les boîtes de la nouvelle jungle!!!!!!! Je suis très contente de comment elle a sorti, c’est un livre que je trouve attirant quand tu le feuillettes. Le contenu est bon aussi, bien qu’incomplet. C’est une jungle plus grosse que les autres (plus grand format, plus de pages). Elle est éditée par Pow Pow, donc elle va se retrouver brièvement dans les librairies. Je dis brièvement parce qu’on en a imprimé juste 1000 et ce sera pas réimprimé.
Là un petit stress embarque (un autre!), parce que j’ai une semaine et demi pour terminer deux contrats et envoyer toutes les jungles aux abonnés, puisque mercredi prochain, je pars à Québec pour faire une résidence de 3 semaines à la maison de la littérature! Je me transforme en ermite pour terminer Football Fantaisie. Je sais pas si j’aurai assez de 3 semaines pour faire 60 pages, j’en doute mais au moins j’aurai pris mon air d’aller. C’est difficile pour moi d’accepter qu’on est le 2 mars et que j’ai dessiné zéro pages. Je suis si près de la fin, mais le dernier pas est incroyablement difficile. Je n’ai jamais senti autant de poids depuis le début de ce projet…
Pis j’ai cette terreur d’arriver à Québec, de m’installer et d’être incapable de travailler et de passer 3 semaines à remettre le travail à plus tard. Mais ça pourrait aussi se passer comme à Chicoutimi, il y a un an, quand la pandémie a été déclarée. J’étais dans un airBNB sur une colline magnifique, près de l’émouvante église St-Joachim. Je travaillais sur mon découpage du matin jusqu’au soir avec des breaks de marches saguenéennes. J’avais tellement bien travaillé cette fois-là… D’ailleurs, à Québec je m’en vais dessiner les pages que j’ai storyboardées à Chicoutimi.
Que la même magie opère!