Notre attitude d’aujourd’hui, en tant qu’artiste ou autre (Notre attitude d'aujourd'hui, en tant qu'artiste ou autre - constat de la post-modernité et son influence sur nos vies, et une proposition à comment y réagir, en tant qu'individu, et en tant que compositeur de musique). On dit que la culture d’une société est un bon reflet de sa santé. Qu’en est-il de la culture, ici, au québec, ou plus largement, en amérique du nord? La culture est en proie à un cancer, plus effroyable que tous les autres cancers vus à travers l’histoire. (Il y a eu les mecenats du temps classique qui ont eu droit de véto sur la plume sur créateur, il y a eu l’ablation de certaines idées au sein du totalitarisme, mais du moins, à travers l’histoire, la culture s’est fait amputée par le pouvoir, par la législation plutôt que par l’aspect social qui l’entourait.) De nos jours, l’art en tant que tel s’est soumis aux lois du marché, le faisant du coup un produit de consommation du ressort du produit de divertissement. La culture en général (et surtout la musique, dans cette perspective) a perdu beaucoup du côté de l’affranchissement intelectuel pour passer du côté de l’entertainment de masse. En effet, on ne va plus voir des concerts, des musées, on ne va plus voir des films autrement que pour se divertir. La tendance en est même à la dévalutation de l’art qui n’est pas le fruit d’un désir de divertir l’auditoire moyen. Est-ce un progrès d’avoir élargi le domaine artistique de façon à rejoindre la plus grande masse possible, d’avoir basculé du côté du divertissement? À mon avis, il s’agit là d’un danger réel; le danger de tuer la capaciter de penser. Je fais une recherche sur le verbe ‘divertir’. Voici ce que j’ai trouv. Sur http://atilf.atilf.fr/tlfv3.htm: DIVERTIR, verbe trans. A.  Vieilli 1. Gén. péj. [Le compl. désigne gén. une somme d'argent] Détourner (à son profit), s'approprier illégalement : 1. Elle prouverait d'abord qu'il était tenu solidairement à payer tout le passif de la compagnie, puisqu'il avait déclaré comme dettes collectives des dettes personnelles, enfin, qu'il avait diverti plusieurs effets à la société. FLAUBERT, L'Éducation sentimentale, t. 2, 1869, p. 252. [...] Plus usuel, littér., emploi pronom. réfl. [P. réf. au divertissement pascalien] S'éloigner du réel, se détourner de la vue de l'essentiel (cf. divertissement B). [Ils] font tourner un disque comme ils se piqueraient, pour fuir le réel, pour se divertir au sens pascalien (MAURIAC, Journal 3, 1940, p. 230). Où veut donc nous conduire cette belle critique? (...) à psychanalyser le travail en montrant que le travailleur s'occupe pour se divertir de la mort? (J. VUILLEMIN, Essai signif. mort, 1949, p. 237) : 3. Les plaisirs bruyans de la ville nous jettent hors de nous-mêmes, et le mot divertir est d'une grande justesse, à laquelle on ne fait pas attention. Ce genre de plaisir, effectivement, nous éloigne de nous-mêmes, et c'est ce que signifie divertir. SÉNAC DE MEILHAN, L'Émigré, 1797, p. 1561. 2. Non péj. [Construit avec la prép. de] Détourner l'attention ou l'activité de quelqu'un sur un autre objet, une nouvelle occupation. Ce n'étaient pas les occupations qui lui manquaient (...) pour divertir sa pensée (G. ROY, Bonheur occas., 1945, p. 431) [...] Je n’ai, évidemment, retenu que les définitions qui m’inétressaient. On constate que le mot divertir concerne entre autre à ce qui nous détourne de quelque chose, ce qui nous fait littéralement penser à autre chose que ce à quoi nous devrions penser. J’ai entenu dire que la définition du Robert allait même plus loin; qu’une des définitions suggérait même que c’était ce qui empêche de penser, carrément. Je ne peux pas vérifier, je n’ai pas de Robert à la maison. Je serais bien curieuse de voir si c’est vraiment le cas. Enfin, tout ceci pour dire que si le divertissement a pour but d’empêcher de penser, nous avons-là la preuve du mal social dont nous souffrons; une belle société qui s’empêche de penser, n’est-ce pas là le signe d’une gangrène? Le rôle de l’art n’est-il pas justement d’ouvrir les yeux des gens, de les faire réfléchir, de rester en contact avec leur humanité? Mais d’abord, d’où vient se désir de divertissement? On pourrait bien sûr jeter le blâme à bien des choses, pas necessairement des évenements historiques, mais des décisions, la façon dont s’est déroulé l’histoire. La montée du capitalisme en serait une bonne cause. Il est facile de jeter la première pierre sur un système économique, parce que non seulement tout le monde le fait déjà, mais en plus, c’est bien facile. Mais ne pourrait-on pas dire que question de perspective, la période du mercantilisme était semblable sur le point du moteur économique d’une société à notre infrastructure actuelle? En fait, c’est au délire de consommation que nous devons cette nouvelle culture du divertissement, et non au capitalisme en tant que tel. Le capitalisme en soi, son idéologie, est basée sur quelque chose de bon, d’ambition, car dans le meilleur des mondes, le capitalisme pourrait être le meilleur des systèmes. Mais là où tout s’effondre, c’est quand entre en jeu l’abus de la part d’autres partis humains. Aucun autre système économique, d’ailleurs, à mon sens, ne peut soutenir la cupidité humaine actuelle; ce n’est donc pas notre système économique qu’il faut blâmer (à mon sens, nous serions actuellement communistes, les choses seraient les mêmes), mais bien notre propre attitude, l’ortientation de nos valeurs qui ont plongé au cours du siècle dans un bien grand bordel. Que sont nos valeurs devenues? (wow, je parle comme Yoda) Eh bien à l’heure où je vous parle, nous avons les deux pieds bien encrés dans le confort du chez-soi, dans le relativisme outrancier, dans l’ère de l’instantanné et du jetable. Nous avons cultivé jusqu’ici un amour-propre qui transcende plusieurs de nos lois dites fondamentales. Une réelle culture du confort, quoi, qui va au-delà des valeurs qu’on aurait pu nous inculquer; par exemple, on voudrait bien un meilleur système de santé, mais pas question de payer plus d’impôt. Nous trouvons que l’environnement est important, nous remplissons même des bacs de recyclage pour notre jolie conscience, mais on s’achète des véhicule utilitaires sport et on chiale par-dessus le marché quand le prix de l’essence augmente. Nous sommes des militants de salon; nous militons contre ce qui est contre nos principes, tant que les changement n’affecte pas notre petit bonheur de vie. Nous proclamons donc notre bonheur comme un droit, un droit inaliénable, et nous réclamons du même coup notre beurre ainsi que l’argent de ce beurre. Il y a un aberration, un grand flou aussi du côté des revandications d’organismes qui se disent sociaux. Je parle en particulier de ces marches des femmes, qui marchent dans la rue à longueur d’amérique pour le droit des femmes, en créant un fossé de plus en plus profond, en apprenant à la jeune génération de vivre sur ses gardes, de se méfier du sexe opposé. Comment peut-on même imaginer possible une cohésion entre les deux partis de cette façon? Et celles-ci aussi de revandiquer un plan pour améliorer la condition des gens de basse classe, les pauvres, quoi, les voilà scandant des slogans dans la rue à la faveur des gens pauvres, réclamant au gouvernement de leur régler leur compte, mais ce sans payer plus de taxe, sans impôt, sans en accueillir chez eux, sans même les regarder en face. Il est bien beau d’acquiscer à tous ces beaux principes, à « militer » pour les droits d’autrui, mais à quel point sommes-nous concernés? Combien le font-ils pour le propore conscience? Combien serait prêt à des sacrifices pour vraiment changer les choses? Voici ce que je disais, en parlant de militants de salon. Les raisons pour militer sont de plus en plus dérisoires. On peut se révolter contre une décision gouvernementale, comme ce fut le cas pour le sommet des amériques, on peut se révolter contre le fait qu’on tue des bébés phoques qui sont ben cute, en fait, on peut se révolter contre tout et rien, mais il n’y a que très peu moyen de se révolter contre le coeur de tout, contre la gangrène même. Les objets de « révolte » d’aujourd’hui ne sont que de petits feux de pailles; et comme disait un de mes profs d’histoire que j’ai grandement apprécié : « tu mets pas un plaster sur un cancer ». Avons-nous seulement des objets de révolte? Il serait difficile de concevoir même une révolte comme étant une alternative possible, elle-même ayant perdu tout son sens. La révolution, qu’attise ce mot chez vous? Plus rien. Le mot est asceptisé. On peut à la fois penser à la révolution bolchévique, à la révolution qu’a engendré la découverte de l’électricité, à la révolution de la nouvelle sécheuse révolutionnaire... les publicité se sont justement approprié ce désir de changement; osez, révoltez-vous, plus de changement, etc. à ce point que la rébellion est devenur un objet de marketing par excellence. Une voiture rebelle, un maquillage rebelle, une télé rebelle, et j’en passe, et j’en passe... de telle sorte que le mot lui-même a pardu son sens. Il n’y a plus vraiment moyen de se rebeller aujourd’hui contre ce qui justement nous incite à la « rébellion ». Est-ce vraiment ce qui a asservi, et finalement aliéné une masse? Ce n’est qu’une des données de l’équation. Parce que non seulement on nous anihile tout désir de changement, mais en somme, notre éducation ne nous aide pas plus; d’abord, on ne juge plus l’éducation comme il y a un siècle. On a déjà réservé un haut niveau d’éducation à la bourgeoisie, aux gens riches, bref, à une élite qui allait faire éclore leur culture et leurs connaissance dans les institutions. Elles n’étaient pas spécialisées d’abord; puis au fil du temps, on a connu un morcellement dans l’éducation, au fur et à mesure que l’étendue de nos connaissances humaines prenaient de l’expension. Les rapports entre élève et maître y allaient de mentor à apprentis, il y avait alors une sévère hiérarchie que l’on ne retrouve plus auhjourd’hui. Mais avec l’avenement de l’urbanisation, il a fallut de plus en plus se spécialiser, et finalement, s’éduquer avec le but précis d’être employé à faire quelque chose. L’éducation a été dès lors obligatoire pour tout le monde, afin de créer une certaine main d’oeuvre; aujourd’hui, si l’éducation est plus accessible qu’autrefois, elle s’en trouve plus orientée vers une carrière que sur la réelle obtention de connaissances. L’éducation en tant que telle a perdu son titre de noblesse aux dépens d’une technicité évolutive au sein de la jeune génération. Qui aujourd’hui va à l’école pour apprendre? Qui de nos jours acceotent de payer les frais de l’université sans avoir un plan de carrière, sans le faire dans la perspective d’avoir un emploi en bout de ligne? Qui le fait réellement pour les connaissances? Il y aurait peut-être ceux qui étudient la philo, puis ceux qui étudient dans le domaine des arts (même si la plupart d’entre eux n’y vont pas d’un pied totalement désintéressé). C’est de là que part le prémisse suivant : ceux qui font de l’art peuvent avoir le potentiel de changer les choses, car leur valeurs peuvent avoir été épargnées de cette idée de gagner sa vie avec un emploi, ce principe qui mène tout droit à l’aliénation. Seulement, comment réparer les nids de poule avec des étudiants déjà blasés et en quête de sens? Le sens s’enseignait autrefois à l’école. Le sens a pu y faire son chemin jusqu’aux étudiants à travers la religion, notemment, qui a été un important véhicule de valeurs. Vivre dans la crainte de Dieu était alors suffisante pour pouvoir juger de l’éthique de nos actions; bien entendu, on pourra toujours se demander si l’éthique proposée par la bible ou la grande puissance de l’église catholique était une bonne représentante des valeurs universelles, si quelques valeurs de ce genre existent. Plusieurs peuvent juger d’après l’histoire que ces valeurs sont vachement discutables; seulement, elles ne l’étaient pas au moment où les actes ont été commis. Sont-ils davantage pardonnable? Il serait à espérer que non, car si on affirme que le contexte pardonne lespire attrocités, cette déduction peut nous mener très loin dans le relativisme; on en vient à se fermer les yeux et se boucher les oreilles et finalement, on ne peut donc plus apprendre de nos erreurs passées. Mais là n’est pas mon point; il faut simplement soutenir que le sens était une valeur en soi, et plus important encore, elle se transmettait. Est-ce la fin de la suprémacie de la religion qui a engendré la rupture? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non. La fin de la religion a été en partie créée par une vague de nihilisme chez les intellectuels, un refus de l’église, une abdication aux déterminismes... et la venue de valeurs plus importante. Parce qu’aujourd’hui, ce n’est plus dans la crainte de Dieu que nous vivons, mais bien dans la crainte d’une dépossession. Parce que le bonheur est devenu matériel, parce que le sens commun de tous ces étudiants, de tous ces travailleurs, c’est justement le travail, mais pas le travail pour le travail, pas le travail pour l’accomplissement de soi; le travail pour le salaire qui vient en bout de ligne, pour la prospérité, pour ne pas s’ennuyer, pour se divertir. Là est l’état de l’aliénation de la personne moyenne; 15 ans d’études, 40 ans de travail à 40 heures par semaine, une pauvre retraite, et la mort. L’idée du bonheur? Une maison, des enfants, un chien, de la prospérité économique, et pas trop d’ennui. Le confort, quoi. Mais comment véhiculer au sens aux étudiants quand les professeurs eux-même doivent supporter cette crise de sens? L’enseignement de la moralité, qui était alors un chemin vers, se trouve perturbé par l’absence de quête concrète de l’homme moyen occidental d’aujourd’hui. Les professeur ne pouvant plus transmettre le sens, ils ne transmettent dès lors que leur crise de sens, qui elle-même se transmet comme une maladie vénérienne aux générations d’en-dessous. D’autre part, notre quête de confort nous amène justement – et cruellement – au confort. Il suffit d’y avoir un peut de demande aujourd’hui pour que l’offre afflue. Dès lors, le processus engendre un phénomène vachement inquiétant; celui du tout tout de suite. Un de mes amis me parlait il n’y a pas si longtemps que ça d’edmonton, dans lequel se trouve le plus gros centre d’achat du pays. Le centre d’achat est un très bon exemple de cette tendance au tout tout de suite, qui mène généralement à une sur-consommation. Le fait qu’on puisse tout trouver à la même place limite nos déplacements et nous aide du même coup à faire nos emplettes dans un laps de temps le plus court possible, afin d’agrandir le temps justement réservé à la consmmation propre et au divertissement. Par rapport à un centre d’achat à Edmonton (pas le plus gros, mais un des plus gros), certaines personnes vivaient littéralement dans la bâtisse, à part entière dans le centre d’achat, et faisaient leurs emplettes en robe de chambre. Ils marchaient, dépeignés,  dans leur robe de chambre, en pantoufles, leur panier à la main, dans le rayon du supermarché qui se trouvait juxtaposé à leur deumeure. Dans la même perspective où on mange des repas surgelés qui ne prennent que trois minute et hop, tout est servi, dans le même ordre qu’on n’ait plus besoin d’aller à un concert pour écouter de la musique (on met le CD et hop! La musique part), ou mieux, qu’on n’ait même plus à s’acheter le CD (on n’a qu’à se le trouver sur Kasaa), ou qu’on n’ait même plus à fréquenter la bibliothèque pour chercher de la documentation, qu’on n’ait même plus à se déplacer pour acheter les cadeaux de noël (on achète via internet et on paie nos comptes là-dessus, aussi), tout réduit notre temps de transaction, tout doit se faire de plus en plus vite, et on s’encrasse finalement dans notre fauteuil, dans notre confort, dans nos petits besoins. On s’en créé de nouveaux par-dessus le marché, à l’aide des millions de panneaux suggestifs qu’on fréquente à tous les jours, et ainsi va la vie... Et si le temps pour acheter est tellement réduit, on doit faire consommer davantage pour compenser, et qu’est-ce qu’on fait pour faire rouler le tout? Deuxième grand maux : le jetable. On construit les choses de façon à ce qu’elles ne durent pas pour qu’on ait à les remplacer. On vente les mérite de ce qui se jette de façon à toujours être entouré de neuf. On trouve même dégueulasse aujourd’hui de trainer un mouchoir en tissus pour se moucher. La situation est alarmante, on enterre des tonnes et des tonnes de déchets par jour, mais même étant conscientisé à l’environnement, nous ne sommes que des militants de salon; nous ne changeront pas – ou peu – nos habitudes de vie dans le dessein d’amélioration à long terme, car nous avons perdu la notion de long terme. Tout se vit à court terme. Nous baignons dans cette culture du court-terme à un point tel qu’il fait echo dans notre propre vie quotidienne affective. Je ne crois pas que le taux de divorce en hausse effroyable soit la cause d’un refus de l’église. Il s’agit là d’une simple traduction de nos valeurs actuelles d’instantanné et de jetable sur nos propres relations interpersonnelles. Comme un rasoir que l’on a tout de suite, qui rase, puis qui, un certain temps, ne répond plus à nos besoin, que nous jetons, nous avions des copains, assez rapidement, mais qui un jour ne répondent plus à nos attentes. Parce que si notre culture du court terme et le monde jetabe a créé en nous quelque chose, c’est bien l’attente, le principal venin des relations interpersonnelles, qui a enflé depuis que nous vivons un peu trop confortablement. L’attente envers autrui a toujours existé; c’est ce qui va nous mettre en colère lorsque notre conjoint nous a trompé avec notre meilleure amie, par exemple, parce que nous avions une attente envers le conjoint, une confiance quoi, mais surtout nous nous attendions à cequ’ils respecte notre désir de ne pas nous tromper. Dans un cas aussi extrême que celui-là, il s’agit d’un non-respect des attentes de l’autre, mais des attentes dans l’axe du raisonnable. Il est accepté, en effet, qu’on s’attende de l’autre qui ne nous trompe pas, par exemple. Mais là où le bas blesse, c’est justement quand ces attentes deviennent déraisonnables, quand on s’aperçoit que l’autre n’est pas aussi « fait pour nous » que nous l’aurions souhaité. Parce qu’aujourd’hui, les produits de consommations sont carrément faits sur mesure, de façon à devenir le plus flexible à chaque individu. Donnez les même règles de flexibilités à vos relations interpersonnelles; ça ne peut être qu’explosif. Voilà pourquoi, dans cette construction d’attentes aussi élevées que pour les produits de consommation, les relations conjugales sont de plus en plus brèves, et les gens, finalement, de plus en plus seuls; axés sur leur propre confort, ils prennent de moins en moins en considération l’autre parti. C’est toute cette crise que certains se sont plu à appeler : le post-modernisme. La stagnation entraînée par le confort excessif, la fragmentation d’une société, une certaine aliénation des individus, et la mort de l’art. C’est pas rose rose, hein? Je sais. Mais vous savez, un dit que le bobo est moins pire quand on peut le nommer; parce que le nommer, c’est parce que le guérir. Quand on sait ce qui fait pas notre affaire dans une situation, on peut agir en conséquence. C’est vrai que ces causes-là sont floues, peu élaborées, mais ont quand même une base sur laquelle on peut construire un début de combat. Parce que cet état social ne me plaît pas, parce que je le trouve triste, d’une certaine façon, parce qu’il m’empêche de faire des choses, enfin bref, aussi paradoxal que ça peut sembler, ça me rend inconfortable. Le confort me rend inconfortable, ou plutôt, insatisfaite. Il serait bien facile de tomber dans le nihilisme, dans le à quoi bon. Se laisser aliéner, regarder les choses en spectateur, mettre son malheur sur le dos de je ne sais quel déterminisme, et tenter d’être le moins malheureux possible. Mais j’ai un certaine foi en l’être humain. Je conçois qu’il a la possibilité de se rendre responsable de tous ces actes afins de se rendre à lui-même la liberté qu’il se doit. Je pense même qu’il a le devoir de se construire lui-même, de se décider, et comme disait Sartre, de faire de sa vie une oeuvre d’art. Comment changer le processus? Y a-t-il des initiatives qui pourraient apporter une parcelle de changement? La révolution est-elle encore possible? Oui, mais à long terme. Ya Marx qui disait qu’on jour, il va y avoir la révolution du prolétariat. Il ne faut pas compter là-dessus, ou du moins, cette dite révolution bruyante, avec les tambours et les trompettes, il est impossible qu’elle advienne avec les valeurs que l’on chéri aujourd’hui. Un changement de valeur s’impose donc, par l’enseignement aux jeunes générations, mais aussi dans nos comportements de tous les jours. Opter pour quelque chose de neuf et plus près de l’universel est déjà un pas vers un meilleur possible. D’abord, voir le long terme des choses, refuser de plier trop facilement à l’instantanné. Écrire longues lettres, pas seulement des petits courriels de deux phrases; de pas utiliser d’abbréviation pour les mots trop longs. Lire des livres, envoyer des lettres par la poste (une chose est plus heureuse quand elle se fait désirer) – tiens, laisser les choses se faire désirer. Apprendre d’un instrument de musique, être en constant état d’apprentissage. Apprendre une nouvelle langue, par exemple, enfin, tous ces trucs qui se font étalés, ne pas avoir peur de l’ambitions, et surtout, faire les choses pour ce qu’elles sont, et pas pour leur résultat. D’un autre côté, il cesser de chercher à se divertir. Si tout part de l’intention, il faudrait pouvoir investir aux bons endroits. J’ai encore la foi que l’art véritable est capable de toucher les gens ordinaires, même si cet art-là n’est pas divertissant. Encore faudrait-il déterminer ce qui est de l’art et ce qui n’est que du divertissement, et c’est pas une mince affaire... j’y reviendrai à un moment donné, peut-être. Mais ce serait important que ça se fasse – parce qu’il y a des arts qui divertissent, quoi, on ne peut pas trancher comme ça aussi facilement. Encore une fois, si tout part de l’intention, faudrait voir l’intégrité de l’auteur, du créateur, voir si ses intentions sont artistiques ou mercantiles; mais tout n’est pas blanc ou noir, et puis, comment savoir? Enfin, en tant que consmmateurs, on devrait cesser justement d’être consommateurs quand il est question d’art; dans une société utopique, l’art n’aurait pas de valeur, elle serait accessible à tous et toujours gratuite, mais vu qu’on n’en est pas là, eh ben faut faire avec; tout est dans l’attitude, je suppose. Les génies universels ne sot plus possibles aujourd’hui, mais rien ne nous empêche de nous gonfler de connaissance, de vivre avec tous les livres ouverts; d’en parler, de discuter des idées avec autrui, parce que c’est ave l’échange, avec le dialogue que les idées prennent vraiment un tournant concret, et que le dialogue devient un chemin vers. Penchons-nous sur le ‘pourquoi’ de la création plutôt que sur le ‘comment’. Ne cessons jamais, dans le processus créatif, de nous demander : pourquoi est-ce que je fais ça? Et aussi, avant que je l’oublie... réduire les actes de foi. Enfin, sous une certaine perspective, je n’ai pas encore calculé la lourdeur de cette maxime... mais je pense aux rumeurs, que céline dion est lesbienne, je pense aux ouï-dires politiques, aux histoires tournées, aux médias qui ne font le focus que sur certains détails, sur la science, qui est devenue une nouvelle religion – l’acte de foi le plus répendu – enfin bref, une attitude qui ne permet plus de douter, et finalement d’aller vérifier par soi-même. Le doute, la remise en question, voilà ce qui empêche de stagner. Et enfin, repenser la valeur d’autrui dans le processus de construiction de soi-même. Revoir ce qui reviens à nos propres besoins et à notre propre bonheur et essayer de dealer avec ça. On fera toujours tout pour notre bonheur personnel; nous devons être nous-même la personne la plus importante de notre vie, mais il faut agir en conséquence, et intelligemment. Il ne faudrait pas s’auto-déterminer; c’est la tpache des autres. Je jamais dire : je suis comme ci, je suis comme ça. Ce n’est pas de notre ressort, car ce sont les autres autours de nous à déterminer. De plus, cette invention fictive de l’image de nous-même est non seulement faussée, mais en plus, elle nous modifie là où il n’y aurait pas necessairement lieu d’être modifiée. Je ne cherche pas ici à ériger des lois de conduite morale. Je ne fais qu’un gros brainstorm de ce qui pourrait aider, parce qu’il y a tant de chialeurs, et trop peu de gens qui amènent des solutions concrètes dans le comportement de tous les jours, des solutions à notre portée qui pourraient bien faire la différence. Je juge que nous en avons besoin; et si vous jugez que vous n’en avez pas besoin, eh bien... que dire... ce sera signe que je serai trompée. Mais j’ai une foi solide. Pas par rapport à mes « solutions », non, j’ai une foi par rapport à ce que du mieux pourrait avenir. C’est ce qu’on appelle l’espoir, et la contribution à l’espoir. Le retour au romantisme; voilà quoi privilégier aussi dans le processus créatif contemporain. Pas retomber dans un néo-romantisme outrageant, seulement en reprendre quelques valeurs, pour nous sortir de cet état lamentable qu’est la stagnation artistique sur le plan de l’idée. Depuis une cinquantaine d’année, la création artistique a davantage été basée sur l’idiome que sur l’idée en tant que telle; comment révolutionner la forme, comment trouver des principes qui acouchent d’un nouveau langage. Ayant un constant soucis de renouvellement de langage, nous passons outre l’idée, qui se doit d’être la pièce maîtresse de toute création artistique, quelle qu’elle soit. La crise de sens transparaît aussi dans le domaine artistique. Je parle ici davantage du domaine qui me touche, c’est-à-dire la musique, plus précisément la composition musicale. Le compositeur semble avoir anihilé l’idée du spectateur; plusieurs compositeurs contemporains, notemment de l’école française, semblent avoir passé outre la perception de l’auditeur, là où justement l’art puise toute sa forme. Qu’est-ce qu’une musique lorsqu’elle n’est pas entendue? Ou quand elle n’est entendue que par son créateur? L’intention derrière l’art nest-il pas l’expression? Si ce ne l’est pas, pourquoi donc écrire de la musique? Pour écrire de la musique? J’essaie de chercher des raisons, autres que l’expression, qui pourrait pousser quelqu’un à écrire de la musique... Pour impressioner des gens, ça se peut, il y en a surement qu’il le font pour avoir une certaine reconnaissance d’autrui. Juste ce moteur-là est quand même assez puissant quand on y pense, parce qu’il revient directement à l’égo, le récepteur principal du confort. On peut aussi écrire de la musique pour se dépasser soi-même, s’accomplir. Mais pourquoi dès lors écrire de la musique? Pourquoi ne pas battre un record de la plus grosse tour eiffel en bâtonnets d’allumette pour être dans le livre des records? Pourquoi ne pas devenir PDG, pourquoi ne pas inventer une nouvelle recette de dessert? Il y a des millions de façons d’arriver à l’accomplissement de soi, porquoi écrire de la musique? À cause de prédisposition, de « talent » (d’intérêt, quoi) pour la musique...  mais pourquoi ne pas être interprète plutôt que compositeur, une carrière bien plus sûre, plus respectée, et qui comporte moins de problèmes de création? Et si c’est un intérêt précisément pour l’écriture, la composition musicale sera-t-elle simplement soumise aux désirs et intérêts? Va-t-on se jeter dans l’écriture, de sueur et de sang, d’une symphonie par pur intérêt? La composition musicale est souffrante; c’est un long processus, qui nous jette souvent dans le vide, car nous ne partons de rien et allons vers quelque chose. Il n’y a pas de manuel d’instruction ou de procédé spécial. Il n’y a pas de simples intérêts qui nous mènent vers ce genre de souffrance. Il y a quelque chose qui transcende ça. Et selon moi, c’est le désir d’expression. L’expression est une forme de communication, et pour qu’elle ait lieu, il faut au emmeteur, un message, et un récepteur. Si le recepteur n’est pas réceptif (mmm, wow!), la communication échoue, d’où la part de l’auditeur à être ouvert à ce qu’on lui fait entendre. Si le message est inexistant, si la musique n’a aucune idée, est vide de sens, elle ne touchera pas le récepteur, la communication s’écroulera. Si l’emetteur n’a pas les moyen d’échanger son message, il n’y aura pas plus de résutlat. À part du moment où les trois sont présents, il y a une certaine circulation; mais le problème, c’est qu’avec la musique contemporaine des années 70, l’emetteur n’a plus envoyé son message en fonction du récepteur; en quelque sorte, le message était tourné vers lui-même. Étant innaccessible pour le récepteur de tous les jours, il s’est bâti une aversion pour la musique contemporaine, d’où toute les mauvaises blagues aujourd’hui sur le sujet. Où a-t-on perdu l’auditeur? À partir de quand s’est-on éloigné de la communication à trois paramètres? Je pense que la première douche froide a été Wagner, avec Tristan et Isolde. Au fur et à mesure que l’époque romantique a fait bon train, on s’est de plus en plus éloigné de la tonalité. C’est la  mort de la tonalité, ou non, pas de la tonalité, mais plutôt la mort du V-I très spécifiquement qui a enclanché le processus. N’allez pas croire que je suis une fière défensseuse du tonal, je ne fais que démontrer là où commence la rupture et par quoi la rupture va devenir un cancer. Le cancer n’est pas encore là; c’est plutôt le contraire. Une découverte importante, d’où fleurira toute une génération de compositeurs prolifiques d’idées nouvelles, qui tenteront de renouveler le langage musical. Mais les traces du système tonal, ou plutôt du V-I, se feront encore sentir bien longtemps, mais de plus en plus faiblement. On jugera même le paramètre harmonique comme n’étant qu’un paramètre mineur de la composition musicale, maintenant ouverte à tous ces autres paramètres de rythmes, de timbres, d’espace, etc. Mais où alors? Où a-t-on fait erreur? On n’a fait erreur nulle part, ce qui s’est produit devait se produire et c’est parfait ainsi, mais il faut tenter de s’en sortir. On a cru qu’on pouvait faire de la musique sans harmonie, en bâtissant des sytèmes aussi rigides les uns que les autres, en ne mettant plus beaucoup d’emphase sur le système harmonique. Une des grandes forces du système tonal, c’était justement sont système harmonique. Pourquoi? Parce qu’il était systématique, mais surtout, suuurtout, il générait des attentes. On entend VI-II, on s’attend à V-I. Tout converge vers les harmonies V-I, et ce n’est pas parce que c’est V-I, ou parce que c’est basé sur un cycle de quintes, ou à cause de notre système tempéré. Je ne sais pas si scientifiquement on peut affirmer que le systeme harmonique tonal est plus « naturel » que n’importe quel autre (surtout que l’on considère que la gamme tempérée est tout ce qu’il y a de moins naturel), mais ce que je sais, c’est que de toutes ces années avec ce système il en a résulté un certain conditionnement. Le déroulement harmonique d’une pièce offre à l’auditeur un certain taux de participation, car c’est sa perception à lui, c’est son attente qui va faire de la musique une réussite ou pas. Sur le plan harmonique, l’art d’écrire de la musique, c’est de faire vitre un tas d’élément en relation les aux avec les autres. Tout est dans la relation, quoi; un accord ré bémol majeur, tout seul, ce n’est rien. Mais faites suivre l’accord de ré bémol majeur avec un accord de sol majeur, et on entend clairement une sixte napolitaine suivie d’un V. C’est en placant plusieurs accords de suite que nous avons l’effet, les notes seules ne veulent rien dire. Et tout converge vers le point d’arrivée, vers ls tonqiue, vers ce ue notre oreille s’attend littéralement à entendre; et c’est à partir de ce que notre oreille s’attend sur le compositeur peut s’amuser à lui donner ou pas. D’une façon ou d’une autre, de concert avec les autres paramètres, un système aussi systématique et convergeant vers le consonnant que le système tonal ne peut faire participer l’auditeur, où il aura des attentes comblées ou pas. L’auditeur, dans ce processus, fait partie de la musique. Mais les nouveaux système d’écriture ont anéanti le rôle qu’avait l’auditeur, car il n’a plus aucune attente. Pouvions-vous nous attendre à quelque chose dans le sérialisme intégral, dans la musique alléatoire, dans la musique spectrale? Je crois que non, car aucun paramètre n’a su susciter l’attente chez l’auditeur. Certains ont rependant réussi à garder l’intérêt; on a pu provoquer l’attente chez le récepteur à l’autres de refrains, de formules répétitives, de choses que l’oreille peut entendre et repérer, desquelles il créé lui-même une hypothèse de ce qui vient; mais la marge de manoeuvre est beaucoup plus limitée qu’avec le conditionnement tonal, et l’écoute devient beaucoup plus difficile de la part de l’auditeur. Écouter une oeuvre devient forçante, et on n’est pas exactement dans la bonne époque pour demander à un récepteur quelque chose de moindrement forçant. Je ne dis pas non plus que nous devrions donner tout cuit dans le bec. Seulement, prenons en considération qu’il y a eu des excès quant au rôle mitigé de l’auditeur dans le message de la musique. Il suffit un bon terrain, un système rigoureux qui génère l’attente, donc une certaine participation de la part de l’auditeur. Un auditeur qui ne participe pas à une musique va immanquablement s’emmerder. L’attente peut être construite sur d’autre paramètres que l’harmonie, on n’a pas non plus à retomber dans le tonal. Faut seulement trouver les moyens pour justement rebâtir le pont entre le compositeur et l’auditeur, le pont qui a été en partie détruit par l’obsession du renouveau de l’idiome, plutôt que du renouveau des idées. Pour ma part, pour consolider les deux points de vue, je suggererais un certain retour au romantisme quant à l’attitude à prendre face à tout cela; face à l’idéologie, face à la création artistique. Revoir la raison pour laquelle on écrit de la musique. Voir tous les paramètres, ceux qui s’offrent à nous, peser le pour et le contre de leur utilisation, et veiller à ce que l’auditeur participe à la musique, soit par les attentes, soit par d’autres procédés (quoi que je considère l’attente comme étant la plus forte). Le romantisme devient par ce fait même bien plus qu’un choix esthétique; il s’agit d’un positionnement idéologique. Une manière de vivre, une manière de créer, c’est du pareil au même. Rendre compte d’autrui dans son processus créatif, comme dans sa construction de soi-même, car sans l’Autre, avec un grand A, ya pas moyen d’exister. Faudrait que je sois plus précise quant à ma définition de romantisme. C’est peut-être pas le bon terme. Faudrait en trouver un autre plus approprié. Le romantisme est caractérisé par le sentiment qui prévaut sur la raison, l’imagination plutôt que l’analyse. Ça ne me semble pas le bon terme. Car tomber dans le sentimentalisme à outrance revient, d’une certaine façon, à s’enfoncer dans notre nombril, dans nos besoins et notre confort. Et peut-être que nous manquons aujourd’hui autant de sentiments que de raison; autant dire que nous sommes vides de l’un et de l’autre, nous aurions besoin d’un peu plus des deux, car nous penchons trop vers l’instinct de survie et de bonheur... mais si ce n’est qu’une question de terme, j’aime mieux attendre avant de nommer, de trouver un substitut au mot romantisme que j’ai utilisé dans le texte, parce que nommer quelque chose le fixe; il faut être très attention, car rien n’est fixé pour le moment... Voilà. Vive la musique, vive l’avenir.