Pendant un an jour pour jour, j'ai pensé à toi à chaque seconde en me faisant violence. Du 29 octobre 2009 au 29 octobre 2010. Le 29 octobre 2010, j'étais dans un train qui allait de jasper à winnipeg je crois, avec un ami. Je pleurais dans ses bras. Je puais de la gueule. Puis il m'a dit ce que je savais déjà: "tu sais, aller mal, c'est un choix. Un des plus grand maux des gens de notre espèce, c'est la complaisance dans le malheur (et la mauvaise haleine). Aller mal, c'est facile. Là, tu te laisses glisser dans la solution de facilité, parce que t'es un peu retard. Je ne peux pas avoir de compassion pour ça." C'est ce qui m'a fait le plus de bien. Après j'ai plus eu envie de côtoyer la gang de colosse, des 48h, de ceux qui font des BD-pathos, des journaux larmoyants, des "tout est foutu et le monde est mauvais". Avec Iris c'était tellement pas comme ça. Ça m'a fait le plus grand bien du monde. Depuis je cherche la légèreté. C'est l'anti-solution de facilité. C'est celle dans laquelle je me sens le mieux. En revenant de l'ouest, j'ai écrit 7 commandements pour m'aider à rester sur la track; je surfe encore dessus, et pour moi c'est encore ce qu'il y a de plus important. Quand je m'éloigne d'un commandement, je le ressens tout de suite. Pendant mon année d'hermite (de septembre 2010 à septembre 2011), Iris fut à peu près la seule personne que je côtoyais. Iris, même quand elle était jadis au bord du gouffre et qu'elle m'appelait en pleurant, elle faisait quand même des fanzines drôles sur sa peine d'amour (pognée dans gadoue). j'ai eu envie de changer de pays, je ne me sentais plus aucune affinité avec ceux qui étaient jadis mes collègues. Je me suis dit: "en 2012, je repars. N'importe où mais ailleurs. Ici, c'est lourd." En juin 2010, j'ai mis fin à une relation d'amant qui devenait trop compliquée. Ça m'a fait de la peine. J'avais beaucoup de difficulté à travailler toute seule chez moi. Alors, je me suis dit que je pourrais travailler à l'atelier. J'ai longtemps hésité parce que je sentais que je pouvais retomber dans la complaisance, il y a pas une super bonne aura dans cet endroit. Mais tu le sais pas tant que t'essaies pas. J'étais un peu scrap et un soirée j'ai ramené chez moi un parfait inconnu, rencontré à un arrêt d'autobus, un ex-détenu tatoué, à des milliards d'années lumières ce que je recherche. J'avais envie de quelque chose de trash. J'avais envie d'un peu d'auto-destruction. Ça a été trash un peu. J'ai eu mal pendant deux jours et je me suis dit que plus jamais je ne baiserais. T'as probablement une idée en tête; je t'assure que tu te trompes et que ça n'a rien à voir. Ha et la capote a pété. Mais le gars a pas éjaculé. Le risque est minime. Et deux jours après je partais pour Lyon. Quand je suis revenue de France, c'est à ce moment-là que j'aurais dû prendre rendez-vous pour un dépistage, mais j'ai comme balayé l'épisode comme une petite chiure d'efface sur un bureau. Ça s'était bien passé à l'atelier, j'avais mon armure des 7 commandements pour m'empêcher d'être envahie par ses sentiments anciens. J'avais peur d'avoir encore des "issues" avec toi. Je le savais qu'il y en aurait. J'étais prête à prendre le risque parce que je sentais qu'il fallait que je sorte de chez moi et que je voie du nouveau monde, que l'hermitage, c'était assez. Je me suis dit: "allez, cette fois, je suis armée." J'ai pris des précautions. Je me suis fait des listes de "dans tel cas, la meilleure attitude est: ça. Si il se passe ça, la meilleure chose à faire c'est: ça." Dès le départ, Vincent Giard c'était un cas de "va pas là". mais j'ai quand même glissé.