Je suis forte. Je suis fière. Je suis géniale. Géniale au vrai sens du terme; je m'en rend compte, ça me remplit d'orgueil, et en même temps ça me gêne. Ça me rend mal à l'aise. J'aurais peut-être voulu être normale. En fait non, puisque je suis très fière, mais ça apporte son lot d'angoisse par rapport aux autres, plus lents, les "normaux", vu qu'il faut toujours s'adapter à la majorité. Je sens souvent que je peux tout faire. que je peux faire n'importe quoi, que je suis libre. Que ma condition physique, que ma condition financière, que mon entourage ou ma situation professionnelle, rien ne peut être une entrave à mes aspirations. Je sens que je pourrais faire n'importe quoi. Je sens que je suis une espèce de "chosen-one" pour toutes mes habileté et ma manière de fonctionner, qui plaît à tout le monde et qui fait des envieux. Je sens que des fois j'intimide les gens tellement je suis géniale. j'ai l'impression que dans la vie, pour être quelqu'un d'important, faut juste se sentir capable de faire les choses, faut juste avoir un peu d'assurance et oser. Vu que j'ai cette assurance et j'ose, je me demande si je ne suis pas investie d'une mission spéciale quant au genre humain. Je suis déjà capable de changer les choses; je change le cours des choses par mon action microscopique, combinée aux autres actions microscopique des gens qui osent. J'ai l'impression que ce discours est cliché, je me regarde dire ça et j'ai l'impression qu'on va penser que je suis folle. Mais très très sincèrement, je le sais que j'ai raison. Mais personne va me croire, les gens vont me trouver prétentieuse et imbue de moi-même. Mais c'est tellement évident. Vous allez pas me croire!... pourtant je vous jure que c'est ça - vous allez déjà me catégoriser comme une folle parce que je dis ça. Et je mets à votre place, quelqu'un me dirait ça et je me dirais "ben voyons donc". Je sais exactement ce que vous pensez. C'est frustrant. Mais ma vie, c'est un peu une lutte pour m'adapter à cette frustration, pour vivre en cohabitation paisible avec elle. Un des trucs qui m'énerve quand j'apprends un truc, c'est que souvent ça ne va pas assez vite. On doit y aller au rythme du plus lent, c'est insupportable. Même quand je prends un cours privé, j'ai l'impression que le prof ne pourrait pas s'adapter à ma vitesse. C'est toujours trop lent. Des fois ça m'irrite. Les cours qui ne m'ont pas irritée: piano, analyse avec Luce (ADDHTT et travaux dirigés) Les cours qui ne m'ont presque pas irritée: Technique moderne de composition, fugue - sauf que j'étais parfois irritée de la lenteur des autres étudiants. Je serais mon meilleur professeur. Des fois j'ai l'impression que les gens/les profs capables de m'enseigner, ils se comptent sur les doigts d'une main. Peut-être que Luce et moi sommes de la même trempe. Peut-être qu'elle aussi a la même condition que moi, c'est pour ça que le savoir passe bien entre elle et moi. Ça a fait *clic*! Les idées traversent l'une vers l'autre en un courant fluide. Travailler sur un projet à deux en séparant la tâche à 50%, ça me fait beaucoup travailler, dans le bon sens. J'apprends à laisser aller, à accepter l'infériorité de l'autre, d'accepter son infériorité comme étant une espèce de supériorité sur moi, celle de la masse, le poids de la majorité. Elle est comme la majorité, alors c'est elle qui a raison, c'est moi qui est trop rapide. Je ne nie pas ma supériorité; j'apprends à me la rendre comme une excroissance nuisible, ou non, moins violent, plutôt comme une "caractéristique personnelle comme une autre". Ma supériorité est quelque chose qui me définit, sur le même pied d'égalité de valeur que la caractéristique d'avoir les cheveux bruns ou les yeux bleus. Dès lors, on ne peut plus considérer qu'un sentiment de supériorité est prétentieux, vu qu'il est rendu quelconque. Il est neutralisé. Je suis comme les autres, avec des caractéristiques qui me sont propres et qui sont d'égales valeurs chez tout le monde. Une de ces caractéristiques, c'est d'être géniale. La supériorité des gens entre eux, c'est équivalent à comparer la forme de leur nez. C'est banal. Être supérieure, ça ne rend pas invincible. Même que c'est un peu un piège. Tu te crois invincible, alors tu atteins plus vite tes limites.