Bonjour monsieur Hamelin!

haha, j'en reviens pas que je vous envoie mon livre, je me sens comme une petite adolescente groupie. 

À propos de Medtner: le premier truc que j'ai entendu de lui (comme je le mentionne dans la B.D.), c'était la Night Wind sonata, par Paul Stewart. Je l'écoutais vraiment souvent, et à l'époque, je n'avais pas encore fait d'études en musique; je ne faisais que l'apprécier sans vraiment chercher à la comprendre. Un des trucs qui me fascine le plus dans son écriture, c'est son approche du rythme. Le mouvement qui m'a vraiment illuminée sur ce point c'était le 4e mouvement de la sonata romantica. Je l'ai toujours trouvé très "catchy", mais quand je regarde cette partition et cette écriture rythmique (toute en syncopes mais qui ne sonnent pas comme des syncopes! et qui fourmille d'hémioles et avec une telle finesse dans l'asymétrie du découpage des phrases...), ça me confronte à ma propre pratique de compositrice. Je regarde ça et je me dis: "bon sang, je serais jamais arrivée à ce résultat-là". Et quelle maîtrise de la forme... tout découle de soi-même, on dirait que tout ce qu'on entend dans le temps est la conséquence inévitable de ce qui précède. Ce qui me flabbergaste d'autant plus est que même après 50 000 écoutes des sonates, je découvre encore des nouvelles choses... des thèmes cachés, des motifs repris dans des voix intermédiaires... j'ai un plaisir semblable à quand j'écoute le clavier bien tempéré.

J'ai enfin entendu la vraie version de Circus Galop!!! Je trippais déjà mais là c'est encore MEILLEUR! Hahahahahaha la fin!!!! j'ai sur youtube la partition manuscrite... c'est de la folie furieuse. 

Je ne savais pas que vous études étaient publiées chez Peters! Je serai méééga-honorée de recevoir cette partition!! 

À propos du bouquin que je vous envoie: il s'agit de courtes chroniques autobiographiques. C'est loin d'être un chef-d'oeuvre, je ne fais plus trop dans ce genre-là, je préfère faire des histoires de fiction maintenant. Mais j'ai quand même une affection particulière pour ce livre puisque c'est celui où je parle le plus de musique. J'étais à l'époque en première année de maîtrise en composition instrumentale et mon projet de maîtrise tournait autour de la fugue. Donc voilà, des petites histoires, des petites chroniques... et des travaux de fugue, hahahah!! 

J'ai lâché ma maîtrise après un an pour me consacrer davantage à la bande dessinée. En fait, j'étais un peu fatiguée de vivre dans le milieu un peu tendu de la musique contemporaine. C'est rempli de guerres de clocher entre les institutions, et c'est une discipline pleine de tabous. Je n'ai jamais vraiment pu faire ce que je voulais; on me poussait vers de l'écriture pour ensembles à géométrie variable (genre piccolo-tuba-harpe) alors que j'aurais préféré écrire pour le piano. Aussi, quand j'arrivais avec de la musique un peu trop "polaire", ça suscitait le malaise. J'aimerais bien recommencer à écrire, maintenant qu'aucune institution ne m'impose de contraintes stylistiques. Mais bon, une chose à la fois. Là je fais des livres!... 




Je ne pensais pas écrire autant, mais c'est bien peu en échange de l'intérêtque vous manifestez envers ce que je fais! Je vous souhaite tout ce qu'il y ade mieux dans votre carrière, et je me promets de visiter votre site.

Bien à vous,
Marc-André Hamelin