Sylvie-Anne Ménard ne sait jamais si elle fait la bonne chose ou pas. Un journée ça semble être la chose la plus logique, inévitable, importante, et le jour suivant, c'est d'une absurdité sans nom. Je comprends ton point pour Marine, alors laissons ça de côté pour le moment. En même temps, tout ça, tu l'as cherché, t'as pris la peine d'écrire un paragraphe faisant mention d'un retour de service que t'as pas honoré, pourquoi avoir fait un tel plein d'énergie potentielle si c'était pour le laisser tomber? Les raisons que tu cites, genre "ouais j'étais pas dedans, la BD ça prend toute mon attention, bla bla" perso je m'en branle pas mal. Ça sonne comme un gars qui dit "ha ouais je te promets qu'on va prendre des vacances ensemble" et qui un mois plus tard dit "ha mais non finalement je le sens plus trop, là, excuse-moi." Dans un autre contexte où on pourrait se voir plus souvent, probablement que ce genre d'accord passerait mieux; telle qu'elle l'est en ce moment, notre relation à la base est frustrante, si en plus tout ce sur quoi ça tient génère des frustrations supplémentaires, je me demande bien si ça vaut la peine de continuer. Ya toujours ce petit détail irrationnel qui revient dans l'équation, genre les sentiments. Si j'avais atteint mon idéal de tête froide et de pragmatisme, je mettrais un terme à tout ça, clic clac sans tambour ni trompette et même sans répondre. Les sentiments c'est un peu ce contre quoi je me bats sans relâche, je refuse de me laisser dominer par ça et de devenir une folle enragée (une Julie Delporte en puissance). Parallèlement, je me dis que je me suis tellement confortée dans la relation que j'avais avec toi que je me suis pas trop mise dispose ailleurs. Vu que notre relation d'amant est plutôt mal chiée (mal chiée dans le sens où on peut pas se voir étant donné l'océan et que c'est somme toute assez frustrant), je m'étais dit qu'en en finissant de ton côté ça pouvait avoir l'effet de me donner un coup de pied au cul pour sortir de ma torpeur. C'est un peu contradictoire, mais voilà, la relation que j'ai avec toi me satisfait et ne me satisfait pas à la fois; je reste donc immobile, avec quand même un sentiment de vide. j'en ai un peu assez de ma situation. J'adore être seule, c'est sincèrement vrai, mais en même temps, ça me manque de partager quelque chose avec quelqu'un qui est physiquement disponible. Et pas que physiquement; quelqu'un avec qui je suis pas toujours obligée de me cacher non plus. Je sais bien que ma relation avec toi ne m'empêche nullement de chercher ailleurs, mais ça a quand même l'effet que je suis moins portée et qu'une rupture me fouetterait bien comme il faut. D'autre part, un peu dans le même ordre d'idée, à la longue ça devient chiant d'être subordonnée à ton horaire. Vu que c'est toi qui se trouve dans une situation où tu dois te cacher, le seul rôle que je peux avoir c'est celui de te suivre. De sauter ou pas dans les occasions que toi tu m'offres, et pas l'inverse. À la longue ça devient lourd. Tu n'y peux rien, c'est pas un reproche, c'est juste un constat: c'est chiant. D'autre part encore (puisque je manque de marqueurs de relation), tu dois t'attendre à des trucs du genre venant de ma part. Garde toujours en tête que je suis un papillon de nuit dans un magasin de lampes, que je change d'idée souvent, mais surtout que je suis adepte de la table rase. Quand quelque chose commence à m'embêter, j'attends pas que ça se dégrade avant que tout détruire. Sauf que la plupart du temps, les trucs que je jette à bouts de bras ont pas la capacité de me répondre: "attends, c'est peut-être pas une bonne idée". C'est vrai que j'ai été un peu égoïste dans le processus, dans tout ce qui concernait Marine j'ai mis mes propres angoisses devant tes sentiments. Que veux-tu: je suis bourrine, et t'es un hypersensible. Excuse-moi. Oui je mets Marine entre nous deux, parce que même si elle est pas là quand on est seuls ensemble, eh bien on est justement jamais seuls ensemble parce qu'elle est là. Tu peux pas la balancer de l'équation aussi facilement, c'est une des données qui forme l'équation de notre relation, son identité propre, et une grosse partie de sa frustration. N'empêche, malgré tout ce que j'ai écrit plus haut, ya quand même quelque chose en moi qui veut pas que ça s'arrête, et qui est peut-être plus forte que n'importe quel argument plus haut. Alors ouais, je suis confuse aussi. Arrêter, ou bien calmer le tease? Ce que je propose, c'est qu'on soit juste des bons potes pour le prochain mois (jusqu'à ce qu'on se voit) et après on verra. Puis peu importe le dénouement de cette histoire, j'aimerais beaucoup de tu viennes à Paris avec moi dans les musées. Zvi