"a bait". une carotte? Comment on dirait en français? Un appât? Depuis très longtemps, en création, je fonctionne avec des appâts. Je me souviens quand je faisais du blog, souvent je savais quand j'étais en train de dessiner: "haaaa cette note-là, elle va vraiment pogner" - ou bien, quand je travaillais sur un livre, il y a certaines scènes que je touvais fortes et j'avais hâte de les dessiner et je me disais un peu inconsciemment "ce livre-là veut la peine juste pour cette page-là/ce moment-là". C'est ça, l'appât. Dès qu'il y a une idée qui se transforme en appât, je sais que je suis sur la bonne voie. L'urgence de me rendre jusqu'à l'appât, de le faire exister, de le faire sortir de ma tête est extrêmement forte et justifie tout ce qui sort autour qui est généralement moins bon. Tout est une excuse pour l'appât. Dans Pervitine, mon principal appât est une image dans la dernière scène, dans la coda de la toune. À la fin de Gratias agimus tibi de la Theresienmesse de Haydn, il y a le choeur a cappela, qui brode sur une tierce de picardie. C'est un moment très fort, musicalement. Je vois l'image des deux personnages qui meurent en symétrie, à contre-jour (ombres chinoises?) qui tombent au ralenti avec un jet de sang qui sort de leur abdomen. C'est ça mon appât.