Je me suis rasée la tête!

Ça fait quoi ne plus avoir de cheveux.

Ça fait un groooooooos changement, j'étais rendue avec les cheveux vraiment longs. Le contraste est fort. 
Pour la première fois de ma vie, j'ai trouvé mon visage plus beau sans lunettes. Je me trouvais toujours un peu laide sans un accessoire. Logiquement, mon prochain move ce serait de porter des verres de contact. Juste me mettre un verre de contact dans l'oeil. Cette idée me terrorise! Mettre quelque chose dans mon oeil, aaaaaaaaaark!!!! Et j'ai encore ce vieux traumatisme d'Audrey qui avait fumé du pot en secondaire 4 et qui avait oublié d'enlever ses verres de contact, pis c'est comme resté pogné et c'était rouge et puis aaark.

...

Eille, j'ai rasé ma tête.

Des fois, on travaille chacun de notre côté, et B.W. lève sa tête, me regarde avec un gros sourire et dit: "haaa!... t'as la tête rasée!!..."

"Tu l'as fait!!!"

Je pense que c'est exactement comment je me sens en ce moment: "tu l'as fait". Parce que je me rappelle clairement qu'à un moment dans ma vie, j'haïssais ça, les filles avec des cheveux courts. Je trouvais ça pas beau. Mais depuis 2009, mes cheveux ont raccourci une couple de fois, jamais en-dessous des oreilles. Ma haine s'est transformée en amour-haine vers les années 2010. C'est drôle, ça coïncide avec le moment où j'ai commencé à me tenir avec des français. La femme avec les cheveux court, c'est plus courant en France qu'ici, non? C'est peut-être moi qui déconne, mais je me demande si ce serait pas de l'influence culturelle, voire du mimétisme culturel.

En 2010 je me souviens avoir photoshoppé ma face avec les cheveux d'ellen page juste pour voir qu'est-ce que ça donnerait. J'avais pas vraiment de bons skills en photoshop, malheureusement. J'y ai donc pensé, mais c'était lointain dans ma tête; j'ai plutôt opté pour des cheveux rouges. 

J'ai eu des cheveux plates en 2012, genre bruns coupe triangle (ben pas de coupe).

Puis paf 2013, j'ai changé mes lunettes et je suis allée chez la coiffeuse pour la première fois. Ça coïncide avec quand j'habitais avec Luc. Je lui ai demandé la même coupe courte pendant une couple d'années. 

2015, je déménage avec B.W.

2016, je bleache mes cheveux. La première fois dans un salon de coiffure sur St-Laurent. J'ai vraiment beaucoup de cheveux, ça a pris 5 ou 6 heures. Je pensais que ce serait fait par un étudiant mais c'était par une pro, et une chance, ça a été ardu et ça a été magnifique. J'ai arrêté de me couper les cheveux.

Quand je suis revenue à la maison, mon frère était chez moi et on allait souper avec. En partant on a fait le petit rituel de passage de cheveux bruns à blonds qui consistait à faire une ronde en disant "brun brun brun" pis à pitcher métaphoriquement l'idée "cheveux bruns" dans le four. 

La deuxième fois, je suis allée plus près de chez moi sur St-Laurent, une place que j'avais trouvée sur internet, pis avec la coiffeuse c'était vraiment awkward. C'était pas le fun. Je me sentais alien. À la fin elle avait l'air méga-stressée, elle m'a demandé de me secher les cheveux moi-même.

La troisième fois, je suis retournée sur St-Laurent, un peu plus loin, cette fois-ci à une place au pif. Yavait un beau chandelier. La fille a pas fait une bonne job. J'avais l'air d'avoir une repousse. Quand c'était fini, elle était là "aaah wooow c'est beau" pis franchement, je l'ai trouvée pas mal hypocrite. J'ai payé pis je me suis dit "fuck les coiffeuses" pis à partir de ce moment-là, c'est Delf qui me bleachait les cheveux.

Je suis allée chez elle 2 ou 3 fois. Elle me passait du linge, genre un coton ouaté girl power. À un moment donné elle m'a mis du vernis à ongles noir avec des glitters. C'était hot, avec les cheveux bleachés! Pis je me souviens surtout de la dernière fois.... on avait fait livrer de l'indien, on venait de le recevoir et c'était le temps d'enlever le bleach. Delf m'a dit: on va manger avant, je pense pas que 10 minutes de plus ça va faire grand chose. Donc on a mangé (le poulet au beurre de l'indien à côté de chez elle dans Verdun est complètement dément!!!!) et après j'ai pris ma douche, et en plus, j'ai fait l'erreur de la mettre quand même très (trop) chaude, mon cuir chevelu était sensible et je suis allée sacrer de l'eau brûlante dessus. Delf m'a appliqué le 2e bleach. Ça a commencé à chauffer en malade. J'ai tenu 15 minutes. À un moment donné j'ai commencé à faire des sons de shhhhhhhh parce que ça faisait un peu mal. Pis à un moment donné je me tenais la tête. Pis à un moment donné, ça faisait pas une heure pantoute et delf m'a dit "ok non là tu vas t'enlever ça". Dans la douche, j'ai senti que j'allais presque m'évanouir!!! 

Pis après cette shot-là, j'ai arrêté de me bleacher les cheveux. C'était en 2016, ça coincide avec l'ONF et la jungle 1. J'ai laissé pousser mes cheveux et là j'étais rendue avec les cheveux quand même pas mal long, peut-être au plexus solaire, mi-brun mi-blonds. Quand je me faisais une tresse, elle était marbrée.

Là où symboliquement ça me plaît beaucoup, c'est que par coïncidence, le jour où Delf est venue me raser les cheveux, c'est aussi le jour où j'ai reçu le email du conseil des arts du canada qui disait: "votre profil de candidat a été approuvé dans la catégorie: arts médiatiques". En d'autres mots: vous pouvez à partir de maintenant faire des demandes de subvention pour faire des films.

Comment je me sens avec mon crâne rasé: je me sens comme si j'étais une autre personne. J'ai l'air quand même pas mal différente. Je suis pas sûre que je vais encore me faire carter à la SAQ. (quoi que peut-être??) j'essaie tout mon linge de mon garde-robe et ça fait comme si c'était le même linge mais sur quelqu'un d'autre, c'est très surprenant - et souvent je trouve ça assez cool, alors je suis comme de plus en plus satisfaite. Plein de mes amis me disent que c'est beau alors je suis d'autant plus convaincue. Mais aussi, ya comme une insécurité. Des fois j'ai l'impression d'être quelqu'un d'autre et je me demande "est-ce que c'est vraiment moi?" alors que je sais pertinemment que si c'est pas en ce moment "vraiment moi", ce sera pas long que je vais le devenir. J'ai pas vraiment le choix! Je deviens mon apparence.