La campagne électorale va-t-elle gagner un gémeaux? Parce que c'est de la télé... Québec solidaire me fait peur. Je sais que ça s'en va de plus en plus gros et qu'il y a des bonnes chances que d'ici 20 ans, ce soit le parti au pouvoir. Je m'attends à ça et d'ici là j'ai un peu peur. Peut-être que c'est juste par esprit d'opposition parce que la plupart de mes amis sont des pro-solidaires, mais pour moi, c'est le parti post-2012. C'est le parti des gens qui se sont fait battre par des policiers et qui se sont fait mépriser par une certaine classe. C'est le parti des gens qui n'aiment pas le monde, le parti des gens qui sont allés à l'université, ou bien des gens qui n'y sont pas allés mais croient que ces universitaires leur sont supérieurs. Le parti des LIVRES. En 2012 j'ai fait une BD pro-éducation, et aujourd'hui, je vois comme je ne la referais pas. Je regarde l'institution de l'université et je me dis: "ayoye, je me suis battue pour ça?" Une grosse buisiness (les étudiants sont des clients) qui n'a pas encore catché internet et qui demande à ses professeurs d'être objectifs et gris, qui roule sur une logique de rentabilité, de marché du travail, de rayonnement international, une machine si grosse et si lourde qu'elle ne peut plus bouger, se retourner, regarder ailleurs. En 2012, ça faisait pas assez longtemps que j'avais lâché l'université et j'étais peut-être encore convaincue que la vérité venait des livres, plutôt que du monde quand on le regarde. Même en 2012, pourtant, je n'ai pas voté solidaire. J'étais dans ville-marie et j'ai voté pour option nationale plutôt que Manon Massé. Je n'aime pas le féminisme. Je n'aime pas l'antirascisme. Je n'aime pas "l'inclusion". Pour être "inclusif", il faut d'abord nommer ce qu'on inclut, ça signifie mettre des étiquette sur les gens (les femmes, les noirs, les pauvres, les immigrants - et c'est bel et bien ce que nous ont montré les pancartes de QS avec des dessins) et en dire qu'on les mettra dans le même bol. Alors qu'on pourrait juste s'en foutre et voir les individus comme des individus. De toute façon, ils ne seront pas dans le même bol; parce que c'est un parti qui méprise les riches, donc s'il y a une femme riche ou un noir riche, il lui sera plus difficile d'entrer par le chas d'une aiguille que de gagner son ciel. Le mépris existe dans les rangs de québec solidaire, et ça s'entend surtout quand eux-même disent qu'ils luttent contre le mépris. Il y a tellement de colère dans ce parti, une énergie guerrière, un certain manque d'humilité. Et par dessus tout, quelle campagne "différente" nous ont-ils donné? Une tournée en autobus avec deux faces photoshoppées, des discours des deux chefs-pas-chefs qui ont été écrits par quelqu'un d'autre (qui disaient la même chose que les trois autres partis: j'ai appelé les autres pour les féliciter, aujourd'hui est un jour historique, fierté, amour, etc etc). Ils parlent en bougeant les bras comme des policitiens et brandissent leur poing en l'air, du haut des milliers et les milliers de pancartes de faces et de slogans qu'ils ont semé à Montréal. Ils lisent leur texte comme tous les autres. Ça me déprime.... Ils est impossible aux solidaires d'accepter le monde tel qu'il est, alors que c'est mon plus gros struggle. Ironiquement, si je veux accepter le monde tel qu'il est, je dois accepter les solidaires. Je dois accepter leur ascension et même leur future prise de pouvoir; je devrais peut-être déjà commencer à penser au parti qui leur sera opposé. J'aimerais tant une politique qui ne soit pas agressive... Un politicien qui n'a pas peur de dire "je ne sais pas", qui parle comme on parle à un ami, qui parle au "je" plutôt qu'au "nous", qui reste un individu qui sert un grand nombre de personnes. Un politicien qui ne fait pas de promesses, qui n'a pas envie de pouvoir, qui est là pour observer pendant 4 ans dans l'unique but de raconter, à la fin de son mandat, tout ce qu'il a vu... c'est peut-être en ayant un portrait de l'intérieur, par quelqu'un de désintéressé, qu'on saura qu'est-ce qu'il faut détruire; ça a plus de sens que de donner des coups de bâtons dans les airs. Je me demande si une politique pas agressive peut gagner des élections. Parce que c'est un gros show de télé, c'est de la télé-réalité, c'est le cirque, des candidats sont en danger, les gens veulent des morts. Moi-même, je marchais sur Jean-Talon en toussant des mottons, je me suis arrêtée devant un café où il y avait des écrans de télé et par la fenêtre, j'ai vu que Lisée avait été battu par Marissal: j'ai jubilé. On aime les élections parce que des têtes tombent, on aime les élections parce que c'est violent, parce que c'est humiliant. C'est pas si loin du hockey.