Ya deux jours j'ai envoyé le script d'un scénario à un concours de la SODEC pour tourner un court-métrage en prise de vue réelle. Je sais même pas si je suis admissible, vu que ça demandait d'avoir déjà réalisé un court-métrage de fiction; est-ce que mon film de l'ONF ça compte comme un court-métrage de fiction? C'est pas vraiment grave, le fait de l'avoir fait, j'ai appris comment faire un scénario dans le format très précis, très standard demandé par le monde du cinéma. J'ai téléchargé d'abord un free trial de Final Draft, puis je me suis rendue compte que je pouvais pas exporter mon scénario en pdf sans payer 250$ (pfff), j'ai donc trouvé une super alternative, Trelby, un logiciel gratuit. J'ai pas trouvé comment faire pour tout copier coller, alors j'ai tout réécrit phrase par phrase - ce qui était un bon exercice, vu que ça m'a permis de réécrire et de couper certains passages. Le scénario est pas parfait, au point de vue du build-up de la dynamique, mais je pense que l'intention est claire. Si je suis dans les 7 finalistes, je vais pouvoir participer à des workshops ou avoir du mentorat et parler avec du monde de l'industrie pour voir comment ça marche. C'est sûr que j'aimerais ça gagner et avoir le financement de 75 000$ pour faire le film, mais juste d'être dans les 7 finalistes ça serait assez pour moi: tout ce que je veux, c'est apprendre, surtout: apprendre la marche à suivre. APPRENDRE COMMENT FAIRE. Parce que je me rends compte que ce qui est le plus difficile en art, c'est peut-être de commencer: je ne peux pas commencer quoi que ce soit si je ne sais pas comment faire. C'était aidant d'avoir un concours de la SODEC parce que les contraintes et les demandes étaient claires: 12 pages max en courrier 12, pour le 10 décembre. C'était la petite poussée qui me manquait pour pouvoir partir un projet par moi-même. Je suis allée sur internet voir c'était quoi ça "courrier 12" et de là j'ai appris le formattage, et de voir mon scénario écrit dans le format "screenplay", je sais pas, ça avait l'air plus vrai, ça me faisait chaud au coeur, je sentais que quelque chose se passait, que je pourrais désormais me servir de ces nouveaux skills pour demander une sub au conseil des arts. Tout ça pour dire que je crois que je suis vraiment en train de changer de carrière. Pendant que j'étais au Japon, en janvier dernier, c'est là que j'ai pris la décision de prendre une pause de La jungle. Je me disais: ok, je fais le 4e et après, 6 mois de break. J'avais prévu quelques projets pendant ce 6 mois de break (faire du ménage, me débarrasser de livres, me débarrasser d'originaux...), mais tout naturellement sans que je le force, c'est le film qui s'est placé dans ma ligne de mire. J'ai un nouvel ordi pour faire du montage vidéo, j'ai fait mes 14 films en 14 semaines, j'ai appris premiere, j'ai eu un film en compétition aux sommets de l'animation (!!!), je suis allée dans un festival de films aux îles de la Madeleine, mon film a gagné le prix du public, et tout le temps, autours de moi, à chaque fois que je disais que je voulais faire des films, tout le monde me disait "ah oui, fais-le". Je le vois moi-même dans ce qui s'est passé en automne: j'ai accepté deux événements de films et j'ai annulé deux événements BD (l'Algérie, parce que c'était malade, et le salon nouveau genre, parce que j'étais fatiguée). Comme si naturellement, les étoiles s'enlignaient pour me forcer à abandonner la BD. Là, 2018 achève, je regarde tout ça et je dois me rendre à l'évidence: il y a des bonnes chances pour que les jungles 5-6-7-8 ne voient pas le jour tout de suite. Pas que ça me tente pas: la jungle est un projet assez récréatif, je sais que j'aurai toujours des idées vu que je peux faire n'importe quoi, je peux même copier des choses. C'est plus une question de temps. J'ai du temps en 2019, et j'aimerais le consacrer aux films. Je dis "abandonner la BD", mais soyons franc: je ne pourrai jamais abandonner complètement la bande dessinée. C'est l'art le plus le fun, parce que c'est l'art où on est libre de faire ce qu'on veut. J'étais chez Delphine en fin de semaine, je lui ai dit que j'avais ressorti Handicap des boules à mites pour la 10 000e fois, et qu'à chaque fois maintenant que je ressors une vieille idée, je me demande si c'est une bonne idée pour un film ou pour un livre. Delf m'a regardé avec des gros yeux ronds et elle m'a dit "oooooh fais tellement un film avec Handicap!!!" et tout de suite j'ai comme senti que non, c'était pas une bonne idée, que Handicap ne pouvait être qu'un livre. Pour plusieurs raisons. La première qui m'est venue, c'est parce que le livre n'a pas de son, le son est dans l'imagination du lecteur - et il me semble que pour handicap, je préférerais ça. Après je me suis dit "ben non handicap ça peut pas être un film, le film est ben trop court!" - et je crois pas que je me lancerais dans une série, j'aime pas ça les séries. Mais la raison principale, c'est que le sujet est trop délicat, je ne pourrais pas faire ce que je veux. Il y aurait toujours quelqu'un dans le processus qui met de l'argent dans mon film qui aurait peur des réactions des gens. L'autisme, c'est un sujet trop hardcore pour le laisser entre les mains de gens qui ont peur. Eh oui, cette BD existe encore, incroyable mais vrai. Je me suis même demandée si ça pourrait pas être une jungle 5-6 deux en 1, j'ai commencé à soumissionner auprès d'imprimeurs. Là comme ça se présente, ça va être genre: si le 1er février je reçois une réponse positive de la SODEC, fuck la jungle: je la ferai plus tard. Si la réponse est négative, je prendrai une décision à ce moment-là. Parce qu'il peut se passer pas mal d'affaires d'ici le 1er février. Câline qu'il s'en passe, des affaires, dans ma vie en ce moment.