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Le s'quat novembre au soir! 2005 (euh non, en après-midi)

Il devaient être bien tristes de me voir partir, les pauvres; je faisais le travail de 5 hommes, au salaire minimum. J'avais des maux de tête à force d'entendre du monde bûcher sur des drums ou bien jouer für Élise sur des claviers... j'ai eu une overdose de Für Élise, je suis partie, et depuis, je respire.... j'en étais venue à consacrer mes minces temps libres à me rédiger des horaires, justement pour gérer le temps en fonction des choses que j'avais à faire. 21 crédits, deux ateliers de BD, deux jobs et le céco, c'est un peu trop... c'est dommage, j'avais un gérant extra.

C'est fou comme on prend conscience du temps dans des situations comme celles-ci. En fait, la situation était suportable - tant et aussi longtemps que des imprévus ne venaient pas changer la donne. C'est exactement ça qui faisait défaut: des imprévus, ou des trucs auxquels on pense pas, c'est ça qui marche pas. Je vais avoir de l'étude pour le cours de Panorama, un jour, mais je n'y pense pas parce que ça ne rentre pas dans ma routine hebdomadaire. Aussi, je ne pouvais pas prévoir que j'avais me faire voler un véhicule, que j'allais passer beaucoup de temps avec la police et avec les assurances.

Ça fait un bout de temps que j'ai écrit pour vrai, la dernière fois que j'ai rajouté quelque chose ici, c'était pour poster un horaire. Wow. Mais cette semaine, j'ai beaucoup plus de temps libre; je ne travaille plus les fins de semaine, mes professeurs sont en grève, et puis j'ai eu des objectifs très concrets cette semaine en compo et en piano. Mais c'est pas pour ça que je voulais écrire.

Je m'apprête à envoyer une bande dessinée au concours de la Librairie Monet et des éditions Marchand de Feuilles. Le point B, ce qu'on a publié entre nous autres dans le 2si, à compte d'auteur. J'ai une sale envie de dessiner, de raconter des histoires, de faire partie du petit monde de la BD montréalaise. Je m'y sens moins en terrain hostile qu'en musique, en composition. Je m'explique, j'y viens.

Ya deux ateliers de BD auxquels je participe; ya celui à Longueuil, avec la gang de BD, c'est des copains, on déconne aux Pizza Longueuil, on a une superbe complicité et je les adore. On part des projets de BD de notre propre chef, en plus de ceux financés par la ville de Longueuil, on se ramasse tous les vendredis soirs au Pizza Longueuil à parler avec nos ovaires, à trouver des utilités hétéroclytes aux petits sachets de relish, à faire l'apologie de la poutine au bacon. Parallèlement, il y a l'atelier au cégep du vieux, avec Jimmy Beaulieu. Jimmy est un maître... il est auteur de BD, critique, éditeur, ex-libraire, enfin il en connaît un sacré chapitre. Aussi, les bandes dessinées qu'il fait représentent, d'un certain point de vue, un espèce d'idéal de BD d'auteur. Je poursuis cette atelier uniquement pour Jimmy.

On est allés au lancement du "moral des troupes", et j'étais attrocement gênée, il y avait tellement de monde, du monde "connu", mais au bout du compte, ce monde est vraiment petit. Tout le monde se connaît, ils prennent des bières entre eux, ils font un effort considérable pour se promouvoir entre eux. Ils se battent pour avoir la considération du public, la bande dessinée n'étant pas élevée au statut d'art dans l'imaginaire collectif québécois. Mais le plus important: c'est tout petit. Non, pas petit, plutôt: embryonnaire - parce que ça grossit.

Ce monde est en effervessence et est vachement en vie. On sent que ça deivent de plus en plus gros, et que les gens se tiennent les coudes, peu importe s'il partagent ou pas les mêmes idéaux esthétiques.

En musique, je sens que c'est le contraire; on est sur un déclin. Non, en fait, c'est pas tout à fait juste; on sent le déclin d'une certaine école. Le déclin de la pensée moderne. Il y a des forces en opposition, des écoles qui se chicanent. Le monde est vaste, n'importe qui peut prendre sa guitare, gratter quelques cordes et faire un disque. Il y a plus de monde, mais ya plus de mauvaises choses. Ça sent les revendications partout, les cérémonies officielles, les diplômes de doctorat. Je vois les compositeurs comme étant plus isolés, qui se serrent moins les coudes qu'en BD. Il y a les gens qui se regardent, et qui se bitchent entre eux, à cause d'une vision différente de l'esthétique musicale. Ils peuvent quand même être courtois entre eux, c'est pas la guerre, comprenenez-moi bien; seulement, il y aura des vannes à propos d'un tel dans son dos pendant qu'il sera pas là. On porte le poids d'une trop longue tradition, ça fait qu'on se prend trop au sérieux. En BD, tout est à bâtir, on cherche nos lettres de noblesse, alors necessairement, notre valeur est à bâtir, on peut plus difficilement se prendre pour un autre.

J'ai montré ma BD "le point b" à Jimmy, j'étais littéralement renversée par tous ses commentaires élogieux. C'est sûr qu'il y a beaucoup à améliorer dans mon dessin, ça, j'en conviens; mais de l'entendre dire que je pourrais bientôt me voir dans les éditions de MG, ou entendre des critiques de mes bd à indicatif présent, ya quand même quelque chose là. Ya aussi mon frère et ma soeur extra-terrestre qui pue, qui m'encouragent comme des boeufs, m'aident énormément et croient en moi, ya du feedback que je reçois des gens qui vont voir mon site web ou qui lisent les 2si, cactus et vestibulles, ya mon amant qui aime bien ce que je fais, ya bdamateur, enfin bref, j'ai tellement plus de feedback et d'encouragement du côté de la BD que du côté de la musique, que ça va de soi que je quitte (temporairement) l'un pour l'autre. Le processus est infiniement plus long dans la composition; parce qu'près que la pièce soit rédigée, eh bien il faut encore qu'elle soit jouée et entendue pour recevoir du feedback, chose absolument pas évidente. Et comment s'améliorer si le processus est si long? J'ai parfois l'impression que je suis plus douée en bande dessinée qu'en musique, même si ça fait 5 ans que j'entraîne mon oreille et que j'ai jamais pris aucun cours de dessin... j'ai commencé à BD bien après le piano, plus sérieusement un peu avant la compo, mais je me suis infiniement plus consacrée à la musique qu'au dessin ou à la BD, comment se fait-il que j'aie plus de facilité dans la bd que dans la musique?

C'est frustrant. Parce que si j'étudie là-dedans depuis toutes ces années plutôt qu'en BD, il me semble que c'est parce que mon intérêt est plus intense et plus passionnel avec la musique. J'aurias aimé être meilleure en musique, je crois. Je le sens presque comme un échec; alors vu que c'est pas mon truc d'abandonner, eh bien je compte quand même continuer à prendre des cours en étudiante libre à l'université pendant que je recommence le cégep en dessin ainimé. Je vais envoyer le point B au concours de la librairie monet et de marchand de feuilles, et si je gagne, eh bien ça sera la preuve de mon échec... mon échec à la musique. Mais un échec temporaire. J'ai toujours voulu enseigner la musique, la théorie musicale, l'harmonie et l'écriture tonale; mais est-ce là ma véritable vocation? Parce qu'on ne peut pas vivre de la Bd, de la composition, ni de la recherche. Ya toujours ce petit point stupide qui me retombe en pleine face: oui, c'est bien beau, tout ça, mais comment on fait pour gagner sa vie? Comment on fait pour manger trois repas par jour?

J'ai commencé une ébauche pour une autre BD de longue haleine, sur Émergo. Ce serait chouette d'avoir une subvention du gouvernement, du conseil des arts. Seulement, pour avoir droit à une subvention, faut avoir été publié déjà une fois. il faut donc que le point B soit publié - j'y tient mordicus de toute façon. Si c'est pas chez Marchand de feuilles, ce sera à la pastèque, ou zone conective, ou oie de cravan, ou ego comme X, ou delcourt, ou bien quoi encore? - Il va y avoir une rencontre des professionnels du milieu bientôt, dans le cadre du salon du livre, sur le sujet de comment remplir des bourses pour la création de bande dessinée. Il me semble que je suis plus près de cette réalité maintenant, et que je m'en rapproche de façon de plus en plus concrète. Parce que ça semble tellement éloigné, tellement innaccessible, la publication, mais dans le fond, non... faut juste essayer.

Mais il me reste quand même un an en musique... faut au moins que je termine mon bac, même si je me sens plus appréciée en BD. En fait, d'une certaine façon, c'est comme si j'étudiais la musique pour moi-même, sans pouvoir le partager, en attente de pouvoir me perfectionner en dessin, pour les lecteurs, pour les autres. Il y a plus de liens vers l'autre en BD, j'ai l'impression - du moins, dans mon cas. Non, pas plus de liens vers l'autre, mais une plus grande quantité possible de liens vers l'autre, parce que l'art est plus spontané, le processus de diffusion est beaucoup moins long qu'en musique. Mais encore, c'est peut-être parce que je ne m'y prend pas de la bonne façon. Si j'allais discuter de composition dans des forums, ou que j'organisais des classes d'ensemble à l'université, mon besoin de feedback pourrait plus facilement être comblé. Mais j'ai de la difficulté à partager ce qui n'est pas complété. On peu partager une planche complétée d'une histoire incomplète, mais pas une mesure complète qu'une pièce incomplète. Mmmm...

Mmm.... je m'en vais donner des cours de piano, salut!