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Faut pas parler au pluriel... dès qu'on parle au pluriel, on ne se sent plus concernés.
Pour changer le monde, il faut faire vibrer des cordes
Parler au pluriel ne fait rien vibrer.

2001/02/01

Je suis allée voir le langue-à-langue des chiens de roche. C'est une pièce de théâtre, de Daniel Danis, au théâtre d'aujourd'hui. Cette pièce m'a marquée. Je suis sortie de là en pleurant. Dans ma tête, du moins, parce que des gens que je connais étaient là. Il n'y a pas très longtemps, j'avais pris la résolution de ne plus me cacher pour pleurer. Mais je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus. Il est trop tard.

La pièce était, ni plus ni moins, une allégorie à l'amour, dans son sens le plus tabout. On s'en rend compte, en voyant le langue-à-langue, ou plutôt, en vivant la pièce en question plutôt qu'en la voyant, on se rend compte à quel point que le mot amour est un mot refoulé... c'est vrai quoi... moi-même je n'en parle jamais. Il est synonyme de faiblesse, en fait, peut-être de ma propre faiblesse. Cette pièce était teintée de rage, tout le temps. Les gens criaient qu'ils étaient malheureux, jusqu'à en suffoquer, sauf un, qui lui tout naïf, élançait vers le ciel ses paroles fétiches: Au secours d'amour... au secours d'amour... au secours d'amour...

On n'y pense pas sur le coup, on se dit: pouah, c'est quétaine, ça a tu du bon sens. Puis, on y repense, les paroles reviennent souvent, et puis ça nous obsède. Les gens de parlent pas, ils ne font que japper. Un côté est amoureux de l'autre côté mais l'autre côté est incappable de l'accepter. Il y a un ancien militaire qui raconte son traumatisme... cet acteur était vraiment excellent, d'ailleurs. L'ex-soldat en question était allé voir un village, je ne me souvioens plus pourquoi, j'ai manqué ce qui précédait, plongée à fond dans mes divagations pet-être, tellement j'étais accrochée et en peine. Le type a vu dans ce village que des gens morts; des felles violées, battues, des hommes découpés en morceaux, des enfants crucifiés, avec des clous dans les épaules et dans la bouche.

Il en a décloué un, le plus jeune. Il a porté dans ses bras, il lui semblé le voir sourire. Rendu au campement, il l'a couché par terre, il a ouvert son ventre avec un canif, il a pris de la terre et l'a déposé dans ses vicères, en pleurant et criant: reviens à la vie...

Et depuis ce temps, cet homme, qui s'est fait renvoyé de son régiment pour cette cause, pour 'instabilité mentale, cet homme souhaite faire la vie... il est chétif, tremblant, il a peu de confiance, il a de la difficulté à parler avec quiconque... il dit qu'il est amoureux parce qu'il veut faire la vie, il ne souhaite que faire la vie...

Allons-y, parlons d'humanité, il ne nous suffit que de faire une petite analogie de rien du tout pour extrapoler dans la vie du monde entier, sur la race humaine, pour en trouver les lacunes, pourquoi les gens ne se comprennent pas, pourquoi ils ne se parlent pas... la pub de bière disait "on est 6 millions, faut se parler!"

ON EST PAS SIX MILLIONS, ON EST SEPT MILLIARDS! Foutu nationalisme de mes deux!

Et plus le temps file, plus les gens tout autours se permettent des distances... rien que cette semaine, j'ai été ignorée à quatre reprises par des personnes que je connaissais, qui m'not bien vu, vu, vu, et qui ont détourné le regard, marché plus vite. Est-ce que dire bonjour est devenu une maladie? Si on est même pas capable de se dire bonjour, comment es-tce qu'on pourra un jour éventuellement dire "je t'aime"?

Juste écrire ça ça me met à l'envers... ce mot n'est pas dans mon vocabulaire... j'en ai honte, mais j'ai plutôt honte d'en ressentir une fierté. Il y a aussi cette fille qui voulait qu'on la pousse d'un falaise pour enfin acquérir une existence... mais pourquoi avait-elle le besoin d'une existence? je parie qu'elle ne se l'ait même pas demadée.

Et puis je dis souvent "on". J'en reviens à ma phrase du début. La société est comme ci, la société est comme ça, le monde est malade. les gens deviennent débiles, on se mute de plus en plus vers la forme machinale, on a peur des autres... voyez comme je parle au pluriel. Vous n'être pas touché par cela. ous ne pouvez qu'être d'accord, sans vraiment vous sentir concerné... cela ne vous choquera pas, cela ne vous attristera pas, oh, peut-être un peu, mais pas beaucoup. c'est pour cela que c'est bien de parler à la première personne. Dire: "je suis malheureuse" a bien plus d'impact que de dire "les gens sont malheureux de nos jours". J'ai lu quelque part, ou entendu, je ne me souviens plus où, que le bonheur serait perçu par un certain gars dont je ne me souviens plus le nom comme un trouble psychologique. Il n'a pas tord du tout, quand on y réfléchit.

Mardi, je suis allée au salon funéraire. Il fau dire que mardi ça n'allait pas bien. Non, ça a débuté Lundi. C'est fou. J'étais tellement rendu heureuse, je plannais, j'adorais la vie, je l'embrassais à pleine langue, et tout d'un coup, paf, le voile noire, encore, alors que je coryait qu'il était enfin parti... je sait que c'est purement mental, qu'après tout c'est parce que je le veux ainsi, que je contrôle ceci d'une certaine façon, que tout est une question de perception, mais jamais je n'aurait souhaité un tel évenement.

Je dois être maniaco-dépressive. Car en fin de semaine, j'étais sur un high épouvantable, j'aurais pu écrire une symphonie. Puis, dès le commencement de la semaine, dès le cours d'anglais... je qualifierais le tout d'angoisse, mais pas angoisse légère. Angoisse, comme la panique, comme la peur dans toute sa splandeur, mais je ne pourrait mettre le doigt sur "quoi". J'en ai assez de dépendre de quelqu'un.

Le chum de ma grand-mère est mort, dimanche pendant la nuit. On est allé au salon mardi, j'ai dû kmanquer les deux dernières heures de mon cours de philo. Il était exposé dans sa ville, à st-jacques, c'est-à-dire à une heure et demi de route de chez moi. J'étais tellement assomée que je voyais des vagues dans le tapis. Et je n'exagère même pas. C'est dans ce genre d'endroit qu'on se rend compte de plein de trucs, comme par exemple, la superficialité excessive de ma mère...

Et puis mercredi, je suis allée à l'audition de christian pour un rôle principal dans le prochain film de Jean Beaudin (c'est celui qui a fait Souvenirs Intimes). Il a de bonnes chances, d'excellentes même. j'étais vraiment heureuse, je sautais partout, j'éclatais de joie sur les murs de la maison vide... mes parents étaient partis voir le chum de ma grand-mère se faire enterrer. Mais le truc de Christian m,a rendu un peu triste d'une certaine façon... en tant qu'égoïste, il téait évident que j'aies ce genre de réaction. Le voir réussir et pas moi, vous savez... j'amerais tellement faire du théâtre... c'est ce que je veux faire plus tard. Non, peut-être pas, j'aimerais peut-être pouvoir déporter mon masque, par le biais d'un eprsonnage, pour pouvoir gueuler enfin, et dire: mais non, c'était pas moi, c'était mon eprsonnages... me faire aimer pour semblant, me faire chérir pas pour vrai, me faire trouver belle faussement... ce genre de connerie, quoi. être acteur, une façon comme une autre de surmonter ses refoulements, de s'exalter avec une espèce d'armure, d'assurance-personne.

Conclusion: je n'ai pas l'impression que je vis, ou du moins, que j'ai déjà vécu. je n'ai jamais vécu la mort. Je n'ai jamais vécu l'amour. Je n'ai jamais vécu la rage dévoilée. Je suis encore un bébé. Je ne connais rien de la vie.

Je suis devenue un peu ce que j'ai toujours détesté chez les autres: une déprimée. Et plus ce côté de moi me répugne, plus ça me déprime, et la roue tourne, et c'en est ridicule. Je me hais. Et je me hais parce que je me hais. J'aime ce que je peux faire, j'aime le fait que je n'ai pas peur de penser, comme l'insinuait si bien mon prof de philo, mais malgré tout ce qui peux sortir de ma tête, satisfaite ou non, ce n'est pas ce que je produis qui me forme vraiment. Si je ne produisais rien, je ne serais rien. En fait, je ne suis rien d'autre que ce que je produis; un petit dessin par là, un petit jeu d'acting ici, et puis une petite compo de piano là-bas... Et quoi d'autre? Quelqu'un qui attend mais qui déteste les gens qui attendent. Je fais du mieux que je peux pour maximiser mon temps d'attente, je sais que la vie m'appartient et que je peux en faire absolument ce que je veux. Mais ce qu'on dit et les faits réels, c'est différents.

La vérité, c'est qu'il me faut de l'argent. De l'argent pour partir. Pas loin. Juste à côté s'il faut, mais il faut seulement que plus jamais je ne dépende de quelqu'un...

Nous sommes tous des chiens.

Section Dessin