Musique Web
Spécialité: absurdités
Ça s'est passé le 25 aout 2003 mais là on
est le 27
Il y a un magasin de musique sur le boulevard Tashereau,
ça s'appelle Musique Web. Je passe devant à chaque
fois que je vais et reviens du Renaud Bray. En fait, c'est du
bord de la rue de quand je reviens, alors à chaque fois
que je revenais du travail, je passait devant en me disant: ah
faudrait que j'aille voir un jour. Il y a des pianos à
queue dans la vitrine, je trouvais ça un peu insolite de
trouver un tel magasin sur le boulevard taschereau, à côté
du microbyte. M'enfin. À chaque fois que je passais devant,
c'était fermé (je finis à 17h la fin de semaine
et à minuit la semaine).
Un jour, mon frère va me porter au Renaud-Bray.
On s'arrête avant à Jacques-Ouellet pour aller chercher
son chèque (il fait de la conversion de livres en braille),
mais ça prend moins de temps que prévu; on est 45
minutes en avance. Alors on se dit: où est-ce qu'on pourrait
bien aller pour tuer le temps? On va au mail champlain!, ai-je
fait, parce que je n'y suis pas allé souvent, c'est juste
en face de où je bosse et j'aimerais voir ce qui s'y trouve.
Alors on campe pour le mail champlain, mais en chemin, je lui
dis: ah non, on va au musique web! Et mon frère de répondre
(parce que depuis un bout il a un trip, il veut s'acheter un instrument
de musique): ok, c'est où?
Alors on se ramasse chez Musique Web. En sortant
du char, mon frère se rend compte qu'il a oublié
son sac à Jacques Ouellet, alors il me dit: reste là,
je vais aller chercher mon sac et je reviens.
J'entre dans le magasin. En entrant, je matte les
pianos, puis je vois une fille assise sur un tabouret qui essaie
une des guitare qui était surement jadis posée sur
le mur à côté de ses consoeurs. Elle me voit,
et je la vois, et ses parents sont vis-à-vis elle. Elle
a à peu près mon âge, ou peut-être un
peu plus jeune, et elle a des traits de visages qui ressemblent
beaucoup à ceux d'unede mes amies de St-Laurent, Rosana.
Mais Rosana habite à Terrebone (ou plutôt Laplaine,
pour être plus précis). Mais voilà que je
la fixe et qu'elle me fixe. Les traits de Rosana me semblent tellement
familiers que j'en viens à douter. Elle me regarde encore,
et ses yeux s'sgrandissent au fur et à mesure que les miens
la fixe. Tout se passe au ralenti, on dirait, on se regarde, on
cherche dans notre mémoire, où est-ce qu'on s'est
vu?? où diantre s'est-on vues auparavant?? Et moi je faire
une large sourire, une face de quelqu'un qui reconnaît,
et elle d'ajouter à mon enthousiasme, on se fixe ardemment
avec un air de vieille rencontre encore un peu vague mais chaleureuse...
jusqu'à ce que je lâche un:
est-ce qu'on se connait?
Et elle de me répondre:
Je crois que non.
On en a conclu que ni une ni l'autre ne connaissait
la fille devant soi. Ça a bien fait rire les parents, et
la fille, et moi aussi, devant l'absurdité de la situation.
C'était cordial et amical comme méprise. Même
plutôt drôle. Mais on s'était jamais vues.
Deuxième absurdité
Alors je commence à examiner les pianos,
voir s'ils sont en bon état, je regarde le fini des touches,
les fêlures dans la table d'harmonie, etc. Le vendeur vient
me voir (ils étaient eux dans le magasin, le premier plus
âgé montrait les mille merveilles d'un clavier casio
qui sonnait, ma fois, comme un clip des années 80 - l'autre
était plus jeune, un café à la main). Je
lui demande: avez-vous des pianos à queue usagés?
Et lui de me répondre: bien sûr, tous ceux sur le
planchers sont usagés. Sauf que lui est déjà
vendu (il me pointe un superbe piano à queue brun qui avait
un certain charme, mais pas tant que ça). Je lui demande:
est-ce qu'il avait quelque chose de spécial, ce piano-là?
Et voilà la meilleure répartie: ah, oui, il avait
beaucoup de succès, il avait un son plutôt... comment
dirais-je... Louis quatorze!
Louis quatorze??? Voici le cheminement qui s'est
fait dans ma tête: Louis XIV, c'est pas le roi soleil? Si
oui, c'est le temps de molière et de jean-baptiste lully,
le temps des ballets comiques, du baroque en bas âge...
Un piano qui a un son louis XIV??
Moi de répliquer: euh.... est-ce que les
pianos existaient au siècle de Louis XIV??
Attention, c'est la meilleure: il me répond
du tac au tac: oooh, oui, mais dans ce temps-là, c'était
plus des "piano-clavecins".
o_O;;;
Troisième absurdité
Ok... je m'éloigne en douce.... soit que
ce type me prend pour une tache, soit que j'ai appris tout de
travers, ou bien ce gars-là ne connait pas grand chose
à sa marchandise. Mais bon, je décide de vérifier
les instruments moi-même. Je vérifie le toucher,
mou ou dur, je m'installe, pour voir su le banc est à la
bonne hauteur (quoi que c'est un détail..), je vérifie
si le double échappement est silencieux, je regarde si
touches les touches sont d'égales forces (et là
je dois avouer que c'était pas les gros chars), je vérifie
les timbres des sourdines.... j'ai essayé trois pianos
(Les trois painos qui restaient à vendre), et voilà
que je m'aperçoit que la sourdine du young chang est défectueuse.
J'appuie dessus et rien ne se produit. D'ordinaire, les marteau
se tassent (et le clavier aussi) pour de frapper qu'une seule
corde dans le registre moyen (c'est pourquoi on l'appelle la pédale
Una Corda - cette capsule d'info-musique n'est pas encore payé
ni retenu par le ministère d'éducation du québec,
mais ça viendra). Mais là, niette. Ce sont des pianos
usagés, alors j'en conclue que le mécanisme est
probablement brisé.
Mon frère revient (je l'attendais sur le
trottoir, j'avais pas envie de revoir indéfiniement la
gueule du pauvre type au doctorat en organologie). On entre (donc,
j'entre à nouveau). On regarde sur le mur, il y a un banjo
et une mandoline accrochés au mur. Je demande à
mo bon ami:
eh, c'est un banjo, ça?
Ah oui, fit-il, c'est un banjo, et je peux même
vous faire une démonstration, mais je vous avertis, je
ne suis pas un expert...
Il prend le banjo entre ses doigts après
avoir déposé son café, il met une patte sur
le banc du piano pour pouvoir accoter le banjo plus confortablement
sur son genoux et commence à faire un boucan épouvantable.
Même un étudiant en électroacoustique aurait
eu de la misère à suporter. Il fait n'importe quel
accord sur les cordes (il pensait peut-être que de faire
des accords qui ressembleraient à ceux de la guitare, ça
ferait l'affaire), et il chante à tue-tête des insanités
sorties de dieu sait où, du genre: oyéla, ma grand-mère
a s'rase pas, oéla....
o_O
Je lui prie gentiment de bien vouloir reposer l'instrument
là où il siégeait si bien avant son interruption
du confort auditif qu'offrait le silence de la boîte. À
côté, il y avait une mandoline (mais je ne savais
pas à quoi ça ressemblait une mandoline avant ce
jour-là. Je lui demande alors ce que c'est, et il me répond:
ah, c'est une mandoline (et je prie pour qu'il n'y ait pas de
démonstration cette fois-ci), et elle a 8 cordes. Ah bon,
lui répondis-je, prce qu'une mandoline peut avoir plus
de cordes? Ah, certainement, il en existe à 12 cordes,
j'ai vu ça à un congrès. (un congrès??
euh!!!! Un congrès!! Oui, ok, c'est possible, d'aller à
un congrès d'instrument (même si c'est douteux, et
que la mandoline à 12 cordes, passe probablement pour un
instrument pas vriament exceptionnel), mais le type avait déjà
tellement prouvé son incompétence cinglante que
j'avais du mal à la gober cette fois-ci.
Quatrième absurdité (la meilleure
selon moi)
Pour en revenir au pianos... Combien sont-ils? Alors
il me liste les prix, le youngs chang 9000, l'autre à côté
12 000 et l'autre, il était plus grand, il était
genre 18 000 ou quelque chose du genre. Moi d'être étonnée:
vous vendez le young chang à 9000, même si la sourdine
ne marche pas? - Pardon? - Ben oui, la sourdine, elle ne marche
pas. - ah? - Ben oui! regardez! (et là je m'asseois) Quand
je pèse que la pédale, il n'y a rien qui se passe.
Le clavier et les marteaux sont supposés bouger, non? (je
pèse, rien je bouge).
Ah ça! (me répond-t-il avec un souffle
ennorgueillis par la grande sagesse qu'il semblait soudain avoir
acquis), c'est que c'est un piano qui n'a pas de sourdine. - quoi??
un piano pas de sourdine? Il y a une pédale de sourdine
mais pas de sourdine? - Ouaip. - Ça existe, un piano sans
sourdine????? - Ben oui, c'en est un. - Ah bon! j'savais pas ça!
Et ça coûte combien faire rajouter une sourdine sur
un piano comme celui-là?
Et vou savez ce que j'ai eu comme réponse??!
RIEN!! Le gars s'est en allé au comptoir comme s'il n'avait
rien entendu! Il était tellement bouché par ses
propres paroles connes, il a filé en douce sans répondre
à ma question! WOW!!!! Du jamais vu!!!! Ce vendeur-là
était tout simplement É-PA-TANT!
Allez faire un tour au musique web. Mattez le vendeur
jeune (trentaine), cheveux courts bruns ou roux, avec des petites
lunettes rondes. Allez lui poser n'importe quelle question et
rapportez-moi vos propres absurdités.