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24 mars 2000
Savez-vous quoi? J'ai fait connaissance avec Ryo-Ooki. C'est un lapin qui miaule, qui est en fait un bébé vaisseau spacial. Ah, sacrés japonais.
Vous savez-quoi? Je suis heureuse mais je ne sait dire pourquoi. j'ai cette étrange impression de hâte perpétuelle qui met des fourmis dans mes jambes (lorsque je ne suis pas morte). Je sais que j'ai hâte au cégep. C'est la chose à laquele j'ai la plus hâte au monde. C'est évident. Pas de questions à se poser sur ce point. Mais ce n'est pas vraiment de la hâte que je ressens. C'est un état d'esprit qui apporte ni plus ni moins les mêmes symptômes. Je ne suis plus capable de m'asseoir sur une chaise sans me trémousser, fermer les yeux et découvrir un grand sourire béat. Mais pourquoi? Je me sens mal, j'ai des palpitations, un espèce de remord face à cet étrange sentiment. Je ne peux simplement pas mettre le doigt sur la cause de tout ce remous. Qu'est-ce qui se passe? On dirait que quand je pense au cégep de l'an prochain, mon sang devient encore plus trouble et ma vue encore moins claire. Peut-être enfin que je commence à subir la maladie mentale. Pourquoi pas?
Je me sens... séprarée de moi-même. Partout où je me promène, il y a un oeil de caméra qui gît au-dessus de ma tête et c'est moi-même qui contrôle cet oeil. Je peux voir tout de haut, je regarde, j'analyse - je crois que je suis en train de devenir spectatrice de ma propre vie. Et ça me tue de me rendre contre de tout ça.
Mon existance tend à ne plus finir. Elle est aussi palpitante qu'un cours de chimie. Aussi attirante qu'un escargot à l'ail et aussi amusante qu'un loooong dimanche (merci Félix). Je pourrais attribuer tout ce qui m'arrive à ça. Peut-être. Est-ce le spectacle du français qui m'a mis dans cet état étrange? Est-ce que le théâtre est tellement rendu une denrée rare dans ma vie que un simple petit spectacle d'une heure peut m'ébranler autant? Oh là, je me sens tellement absente que même mes phrases ont une syntaxe douteuse.
Il y a des gens que j'admire. Des gens que j'apprécie. Des gens dont la voix commence à m'étourdir. Des gens que j'apprécie moins. Des gens qui ont des mauvaises intentions. Des gens supérieurs à moi. Beaucoup de gens sont supérieurs à d'autres gens. Il n'y a pas de règles bien précises, c'est "comme ça". Quand on leur parle, ils nous font sentir inférieurs. Certains de ces gens-là nous font sortir de nos gonds, nous foutent un ostie paquet de rage dans le fond de la gorge. Mais ce ne sont pas ceux-là qui me dérangent. J'en redoute d'autres. Ce sont ceux qui vous parlent ordinairement, comme ça, sans ornements. Ils sont là, dressés devant vous, une tour eiffel devant une sculpture d'alumettes, et vous parlent simplement. Et vous vous sentez petit. Trop petit. Vous ne pouvez vous sentir égal. Vous ne vous sentirez jamais égal à ces personnes. Elles ont un je ne sais quoi qui vous écrasent. Et ces personnes ne le font pas exprès. Elles auront beau avoir les meilleures intentions du monde, mais c'est comme ça. Ces personnes sont ordinairement très froides de nature. Elles me font peur.
Il y a des gens que j'admire, et je me cache pour les applaudir. Il y a des gens, comme ça, pour qui c'est plus facile que d'autre d'offrir des compliments. C'est comme ça. On n'y peut rien. Je me sens petite face à ces gens, mais d'une autre manière que celle nommée ci-haut. Car ces gens-là, je me brûle d'envie de leur parler. Mais quand je dis parler, je veux vraiment signifier parler, et non échanger quelques mots insipides selon la circonstance donnée. J'aimerais les connaître. Mais je ne peux pas. Je suis trop petite. Je suis toujours trop petite.
Hier soir, je n'arrivais pas à dormir (toujours à cause de cette dite sensation bizarre). J'ai ouvert les yeux. J'ai allumé ma lumière. J'ai mis mon pied gauche sur le sol, ensuite mon pied droit. J'ai fait un effort digne d'hercule pour arriver à soulever ma tête trop loude (comment une tête vide peut-elle être si lourde?). J'ai avancé quelques pas. Vers la fenêtre. Regardé. Le ciel. Les maisons à l'entours. La clôture. le ciel de nouveau. Puis mon... reflet. Je me suis retournée. J'ai avancé. Quelques pas, à peine. J'étais devant le miroir. Et je me suis regardée. On ne prend jamais le temps de se regarder. On ne fait que se voir. Mais cette fois-ci, je me suis scrutée. J'ai ôté tout mon linge. Et j'ai continué de regarder. Observer. Analyser. Scruter.
Mon corps est laid. Deux spaghettis concaves pendouillent délibérément des deux côtés de ce tableau sordide qu'est mon corps. Des poils irrégiliers tombent sur mes clavicules râpeuses, pas lisses pour être trop beaux, pas frisés pour être trop beaux. Juste entre les deux, pour être trop repoussant. Mes mains sont saignées, mangées et remangées. Ma posture apathique courbe le haut de mon dos plié par le milieu. Mes jambes sont permanamant pliées comme des branches cassées, de modestes cailloux concuidaux sont évidemment là pour gâcher le douceâtre spectacle qu'offre ces troncs brisés. J,ai des cernes partout, sous les yeux, sous les seins, sous les genoux, comme si la peau coulait comme de la cire chaude. Je suis maigre. Je suis laide. Mais je m'en fout. j'ai des lunettes. Et lorsque j'ai mes lunettes, ils ne peuvent pas me voir. Ah.
Je danserai et je chanterai comme une folle dévouée par pure vengeance. C'est mon but. Pour clouer le bec de tout ces affamés de jalousie qui flattent pour mieux blasphêmer dans leur coin tout noir.
On m'a dit aujourd'hui le plus beau compliment qui m'est jamais donné d'entendre. C'est Mona. Elle m'a dit: Tu es complète. C'est... tellement beau. C'est tellement gentil. C'est même plsu que ce que je n'aurais jamais voulu demander comme compliment. Être complet. Être une part entière en ne manquant de rien. Rien ne me manque alors. Il ne me manque rien.
Alors pourquoi ne suis-je pas heureuse? Il doit sûrement me manquer quelque chose. Je ne suis pas malheureuse, certes, mais je ne suis pas heureuse. Et quand je le deviendrai vraiment, je serai malheureuse, parce que la quête de la clé du bonheur sera terminée! Et c'est cette quête qui nous rend nomade d'expériences. Dès que le trésor est trouvé, on devient sédentaire à nous gaver de cet or. Mais je n'ai pas le goût d'être sédentaire. Enfin, je ne crois pas.
Est-ce que je me prend pour quelqu'un d'autre? (merci christian)
Les compliments, c'est quelque chose d'heureux, c'est une bonne intention en parole. On pourrait même dire, au lieu de (par exemple) "tu es belle", "Je te fais plaisir". J'ai l'impression qu'il y aurait moins de malentendus de cette manière. Pourquoi? À cause du sarcasme. De l'ironie. De jalousie cachée. Ah, que d'étapes avant que les hommes vivent vraiment d'amour.
Il y a des jours où je me regarde tellement de haut que je sue du cerveau. Je ne suis pas moi, je suis à l'extérieur de moi. Je peux facilement replonger dans mon corps, comme, par exemple, lorsque je dessine, lorsque je joue du piano, lorsque je fais du théâtre. Mais lorsque je reviens dans un état de concret, j'ai tendence à partir. À sortir de moi. Pour encore me voir D'en haut et juger mes faits et gestes. J'aime tellement dessiner. Ou jouer de la musique. Ou faire n'importe quoi qui me fait vraiment sentir à l'intérieur de moi-même. Peut-être que c'est la principale raison pourquoi j'ai si hâte au cégep. Je serai en moi plus que jamais. Je serai bien. Enfin, je l'espère et le souhaite plus que tout. Mais pour l'instant, je suis fatiguée. C'est à peine si je suis capable d'écrire ces mots sans faire des fautes de frappes à chaque 4 mots. Tout m'épuise...
Tout m'épuise. Tellement que c'est comme si on avait attaché une corde de plomb à mon front. Je ne compte même plus mes moments de transe; la perte de lucidité devient presqu'un mode de vie. Je m'en fout. J'ai hâte à l'an prochain. Battez-moi, je suis faite forte. Je resterai debout. même si agonisante. Je resterai debout jusqu'à ce que je vois la couleur des pas que je laisse présentement derrière moi. Ensuite, il arrivera ce qu'il adviendra: soit que je me resaisit et que je guéris aisément de cette peste puante, ou sinon, je m'écroule, je tombe, je râle, je crève, je meurs.
Paf.
Ce serait amusant de crever à l'école. Ouaip. Mon grand fantasme a déjà été d'avaler une grande quantité d'aspirines agrémenté d'une bonne bouteille d'amaretto (pour que ça passe mieux), et ce à l'école. Je me coucherai sur une table de l'aire, et j'attenderais de mourir. Ce serait pendant les cours, pendant que personne n'est là. J'aurai un message dans mon cou: vous m'avez tué - vous pouvez être fiers.
AaaH.
Bon, assez. Je dois ressortir de moi. Ciao.