Je
vois tout croche... je viens de faire changer mes lunettes, il
y a à peine quelques semaines (j'ai évidemment gardé
les mêmes montures, et j'espèe qu'elles tiendront
le coup encore longtemps), mais je vois tout croche parce que
mes yeux sont incapable de fixer un point durant une période
de temps déterminée. Vous voyez le genre. Très
utile pour pratiquer le piano... non, en fait, la cause directe,
c'est probablement que je dors attrocement mal. Je fais exprès
pour me coucher tôt (non pas que je fais exprès,
mais je suis tellement assomée que je rentre plus tôt
de l'école, voyant que ça ne sert à rien
de continuer à pratiquer quand je dors pratiquement devant
mon clavier), et puis dès que je touche l'oreiller, c'est
les limbes, les méandres de l'esprit, un beau cocktail
abrasif qui m'empêche de récuprer le sommeil que
j'ai perdu. J'ai mal au cou et à d'autres muscles sans
nom dans mon esprit, aux plantes des pieds aussi, je me tourne
et retourne, mais j'y arrive pas parce que ma tête fait
du trois cent à l'heure.
Je
suis obsédée par la compo. j'ai déliré
toute la nuit il y a 48 heures à propos de comment achever
mon intermezzo. J'avais l'impression que je composais tout d'avance,
dans ma tête, et que quand j'allais l'écrire, tout
allais être parfait sans faute. Je n'étais qu'à
demi-éveillée... c'est évident que le lendemain,
je ne me souvenais seulement avoir passé la nuit à
construire une oeuvre fantastique, sans savoir à quoi elle
ressemblait. Et je me souviens, hier je crois, avant que mon cadran
sonne, je rêvais que j'avais inventé un nouveau précédé
d'écriture, comme le sérialisme ou le dodécaphonisme,
mais cette forme s'appelait "l'horloge", c'était
strictement pour piano, les mains tournaient en rond en imitation
(presqu'en canon) en imitant le mouvement des aiguilles d'une
horloge ou je ne me souviens plus, et ça donnait dans le
rêve un résultat fantastique, qui ressemblait étrangement
à la méditation du cycle Vergessene Weisen 2e cycle
(op 39) de Medtner... Je me souviens que ça jouait beaucoup
sur le chromatisme, mais je ne souviens plus si j,avais fait un
lien entre les douzes sons chromatiques de la gamme et les douzes
portions de l'horloge (--les douzes heures de la journée,
quoi) mais bon... quand j'ai dû me réveiller pour
aller à l'école, à peine levé j'étais
persuadée (parce qu'encore endormie) que j'avais découvert
quelque chose de fabuleux. Dur réveil, quand je me suis
rendue compte que ça n'avait aucun sens.
Drôle
de gage en fait d'aller en composition à l'UdM. En fait...
je me demande bien ce que je foutrai là-bas. C'est une
décision complètement folle. Ça coute un
bras et ça ne me donnera pas d'emploi. En ayant mon bac,
je n'aurai d'autre choix que de faire une maitrise. Maitrise en
main, je n'aurai d'autre choix que de faire un doctorat. Doctorat
en main, eh bien... je me jette en bas du pont parce qu'il n'y
a plus grand chose à faire. À moins que je fasse
en bac en autre après, dans un autre domaine, mais bon,
étudier, encore et toujours, oui, et après? Est-ce
que je suis condamnée à faire des jobs plates toute
ma vie pour pouvoir subvenir à mes besoins, comme une prostitutions
pour mes études? Et la compo! Parlons-en de la compo! N'est-ce
pas là le pire coup de tête de ma vie?? Rendons-nous
à l'évidence; je suis nulle en compo, c'est un des
arts que je maitrise le moins; il me fascine, certes, et j'aurais
envie d'en apprendre davantage, pourquoi ne pas me contenter de
ce que j'ai déjà?? J'ai peut-être la réponse...
ouais... la musique, c'est rien d'autre qu'un minable substitut
à toute cette tragédie qui me colle à la
peau.
Je
me souviens encore, comme hier, l'époque où je fréquentais
le cégep du vieux montréal en arts et lettres, j'ai
jamais été aussi triste de ma vie, et je me rattachais
à la musique pour palier à mes manques. Et le désir
de faire de la musique, c'en est devenu une espèce d'obsession
avec le temps, parce que c'est un exceptionnel boucheur de trou.
Au secondaire, j'étais toujours meilleure en maths quand
j'étais déprimée; c'est la même chose
pour la musique, j'ai l'impression. C'est un reflet de ma vie
affective bancale. Je me ramasse toujours dans un cubicule à
pratiquer mon piano parce que je n'ai personne vraiment à
qui parler. J'aurais de la difficulté à nommer une
personne de l'école qui soit vraiment proche. Il y aurait
Madeleine, mais plus souvent qu'autrement, c'est à sens
unique. Je ne vois pas qui d'autre. La personne qui m'est le plus
proche présentement, c'est Francis, parce qu'il n'arrête
pas de m'appeler pour me demander des informations sur la harpe
à la page 94 de mon traité d'orchestration de Adler,
et puis on bouffe des chips-ketchup-cheeze wiz-salsa-sauce à
fruits de mer-nutella-mélasse-feuilles de menthe-toast
melba parce qu'on s'emmerde, mais je peux pas dire n'importe quoi
parce que je sais pertinemment qu'il vient voir religieusement
les updates de ma site, donc que probablement qu'il vient juste
de lire cette phrase, n'est-ce pas, Francis? j'ai rien contre,
j'ai absolument rien contre, mais reste que c'est contraignant.
Enfin, tout ça pour dire que je me rabats sur le piano,
parce que je suis carrément repoussante.
Je
lève mon verre donc à ma repoussantité, parce
que sans elle, je serais pas ce que je suis aujourd'hui. j'aurais
probablement rien à dire, je ne serais pas en musique et
je ne dessinerais que des bonhommes allumettes. C'est l'insatisfaction
qui pousse à l'action, c'est le désespoir qui amène
tous ces substituts. Je resterai seule toute ma vie, pas parce
que je le veux, juste parce que c'est comme ça. Je suis
incapable de laisser les autres me toucher et de toute façon,
c'est une source inépuisable de déception. Alors
buvons au repoussantisme, la solution à la satisfaction
généralisée. Glou glou glou.
Vendredi
denrier, au salon de thé, Caro m'énonçait
ses problèmes de couples et de non-jouissance pendant l'acte
avec son ami. Je me demande comment je suis supposée réagir,
je n'ai aucune idée de quoi elle parle. J'ai toujours dit
que j'haissais les couples, en fait, je déteste l'attitude
égo-centriquiste des couples, qui voient le monde siparaître
autours de ce trou qui leur sert de nombril. En fait, mis à
part ce comportement aveugle et parfois hautain sur les célibataires
de la part de ces couples, je n'ai pas grand chose contre eux,
à part peut-être le fait qu'ils sont le reflet incommensurable
de ma non-vie de couple, donc le repoussantisme qui me fait défaut,
et ma condamnation à vivre pour toujours dans l'ombre même
de mes propres productions, mes réalisations substitutives
à mon affect troublé -- et poinçonné
par la vision blâmatoire avec laquelle la société
contemporaine expose le sort des célibataires dans mon
genre. (Ma foi, c'est le festival des mots inventés.) C'est
vrai, quoi - être célibataire, c'est un véritable
fardeau social, j'irais même jusqu'à dire que c'est
une marginalité. On les méprise, incapables de s'engager,
ou sinon ce sont des malades freudiens qui n'ont pas assez marché
à quatre pattes quand ils étaient petits. Les annonces
de yougourt à la télé même vous projette
une image à adopter dans le seul but de plaire au sexe
opposé, la mode des vêtements a cette tengeante,
les vedettes pop aussi, les annonces de parfum, c'est les pires!
Les émissions à la télé, les télé-romans,
les livres de psycho-pop, tous, merde, tout le monde ici placent
l'idéal dans le couple, de telle sorte que dès lors,
c'en ai fini de nous, on est tous brainwashés par l'idée
clair et inaliénable que les symbole de réussite
se trouve dans le couple et dans la carrière. Si c'est
pas un, c'est l'autre. Résultat? Eh bien! Je fais quoi
en marge de tout le monde? Et devinez ce qu'est le voeu de plus
cher de ma mère? (la famille de ma mère est extrêmement
familiale... je ne sais pas ce qui arrivera quand ils verront
que ma cellule familliale ne dépassera jamais le seuil
de mes orteils).
Ouais,
c'est ça. Ne me touchez pas, et en retour, je vous fait
plein de beaux dessins. La réussite de sa propre vite,
c'est la couple et la carrière. Je n'aurai ni un ni l'autre,
donc je périrai nécessairement sans avoir atteint
aucun idéal, en ayant vraisemblablement raté ma
vie, c'est bien ça? Est-ce que ça vaut la peine
de jouer quand on sait que c'est perdu d'avance, dites-moi?
Je
me suis scrappée les doigts à force d'essayer de
faire des glissendos sur des Kawai. C'était une mauvais
idée. Mais il va bien falloir que je me fasse de la corne,
je vais apprendre le concerto de ravel, la session prochaine.
En fait, la session prochaine, je vais apprendre plein de pièces
de la mort, un programme vriament intense. J'ai aussi trois idées
de scénarios de BD relativement courtes (3 à 6 pages)
et je veux illustrer un proverbe à chaque semaine à
côté du local d'Andrée Bessette. Je veux terminer
mon intermezzo à temps pour le concours de compo de radio-canada,
je veux aussi peut-être ssayer de participer à un
petit concers de piano, si mon programme rentre dans leurs exigences.
J'ai envie de refaire mon site, il faut aussi que je construise
mon portfolio pour l'université. Je devrait finir cette
mini-encyclopédie de compositeur, et me lancer à
fond dans cet opéra que j'avais commencé jadis.
Il y a aussi cette idée de maryse, de faire des T-shirts
avec mes dessins dessus et les vendre (les premiers pas ont pas
été convainquants, soi dit en passant - pour la
sérigraphie, on peut juste faire des chandails en grosse
quantité, 24 minimum ou j'ai regardé).
Et
dans un autre ordre d'idée, dans la catégorie ça
me tente pas, faut que je refasse mon Cv, faut que j'aille le
porter à des places, faut que j'aie un travail, faut que
je paie mon logement et ma bouffe pour janvier.... je déteste...
je déteste... je ne veux pas travailler... ouache le travail,
c'est de la prostitution.
Non
au travail
Non au couple
Oui à la réalisation personnelle
Oui au repoussatisme