|
24 avril 2000
Ma puissance est limitée. Par les objets. Par le non-vivant, quoi. La con-connaissance n'affecte pas les choses douées de non-conscience. Je n'ai pouvoir que sur les êtres humains alors? Mais celui qui n'a paspouvoir sur tout ne domine pas vraiment le monde... Mais qu'est-ce qui me prouve que je n'ai aucun pouvoir sur les choses? Je suis contrainte de le croire, mais je n'ai aucune preuve, et la preuve comme telle se fait peut-être en dehors des sens, une preuve intouchable, en quelque sorte. Alors, il faudrait que je teste. Les pouvoirs se font vraiment ressentir lorsque la survie en dépens. Donc, il faut que je me mette dans une situation où ma vie est en péril, pour pouvoir vraiment avoir la preuve que j'ai le plein pouvoir sur les choses. Par exemple: il faudrait que je me jette devant le métro. Si mon pouvoir est complet, eh bien le métro s'arrêtera avant qu'il ne me touche. Ou sinon, il me frappera, mais je ne mourrai pas.
En fait, le plein pouvoir m'empêcherait de mourir. En d'autres mot, le seul moyen de savoir si j'ai le plein pouvoir, c'est de me mourir... Si je succombe, je ne l'avais pas. Et si je reste, c'est que j'ai le pouvoir des choses et circonstances. Le risque, c'est que je ne l'aie pas. Mais je crois que je l'ai. Je suis quasiment sûre que je l'ai. Mais je pourrais ne pas l'avoir. Ou bien ne pas l'avoir parfaitement, de telle sorte que je ne suis pas encore à l'apogée, et que cette apogée arrive, et c'est elle qui, éventuellement, ferait arrêter le métro ou me ferait ressuciter. Comment savoir où se situe l'apogée du pouvoir? C'est peut-être ne ce moment!
Non. Ça me surprendrait. Parce que l'apogée en tant que telle, c'est une somme, un tas d'autres facteurs que j'acquiers pendant mon existance. Des connaissance, un contrôle parfait, des aptitudes nouvelles. Je domine le monde, soit; mais je veux dominer tout. Pas juste le monde.
J'aimerais bien rencontrer quelqu'un qui a les mêmes plans que moi. On pourrait s'entraider. Mais on briserais la loi du silence, la loi sur laquelle repose toute la domination et la puissance. Un trahirait l'autre, c'est inévitable; non, ce n'est pas une bonne idée. Je me dois de rester seule.
Et je dois tout tenter. Pour caresser le mort, mais sans y toucher! J'aurais besoin de l'aide de quelqu'un... Qui pourrait m'empêcher d'y aller trop fort, peut-être. Mais je rentre de nouveau dans le dilemme du silence brisé. Alors ce doit être quelqu'un qui ne sait rien - ou qui ne me croit pas dans ma domination du monde (ça, c'est facile à trouver) - et qui m'aidera les yeux fermés. Sans poser de questions.
Mais ce serait le summum de la puissance si j'y arrivait toute seule... Si j'arrivais à faire la preuve de ma puissance matérielle sans l'aide de quiconque. Parce que si un jour le métro s'arrête, ce sera peut-être à cause de ce quelqu'un, et non à cause de mkn pouvoir, je serai alors sur une fausse piste et je vais vivre dans le mensonge. Non, je dois être sûre de mon coup.
Tu me manques.
Regarde un peu ce que tu me fais faire.