"À go, on saute de la planche à voile!
1... 2... 3... pas go!
1... 2... 3......... pas go!"

Mardidouze Novembredeuxmilledeux

Je vois tout croche... je viens de faire changer mes lunettes, il y a à peine quelques semaines (j'ai évidemment gardé les mêmes montures, et j'espèe qu'elles tiendront le coup encore longtemps), mais je vois tout croche parce que mes yeux sont incapable de fixer un point durant une période de temps déterminée. Vous voyez le genre. Très utile pour pratiquer le piano... non, en fait, la cause directe, c'est probablement que je dors attrocement mal. Je fais exprès pour me coucher tôt (non pas que je fais exprès, mais je suis tellement assomée que je rentre plus tôt de l'école, voyant que ça ne sert à rien de continuer à pratiquer quand je dors pratiquement devant mon clavier), et puis dès que je touche l'oreiller, c'est les limbes, les méandres de l'esprit, un beau cocktail abrasif qui m'empêche de récuprer le sommeil que j'ai perdu. J'ai mal au cou et à d'autres muscles sans nom dans mon esprit, aux plantes des pieds aussi, je me tourne et retourne, mais j'y arrive pas parce que ma tête fait du trois cent à l'heure.

Je suis obsédée par la compo. j'ai déliré toute la nuit il y a 48 heures à propos de comment achever mon intermezzo. J'avais l'impression que je composais tout d'avance, dans ma tête, et que quand j'allais l'écrire, tout allais être parfait sans faute. Je n'étais qu'à demi-éveillée... c'est évident que le lendemain, je ne me souvenais seulement avoir passé la nuit à construire une oeuvre fantastique, sans savoir à quoi elle ressemblait. Et je me souviens, hier je crois, avant que mon cadran sonne, je rêvais que j'avais inventé un nouveau précédé d'écriture, comme le sérialisme ou le dodécaphonisme, mais cette forme s'appelait "l'horloge", c'était strictement pour piano, les mains tournaient en rond en imitation (presqu'en canon) en imitant le mouvement des aiguilles d'une horloge ou je ne me souviens plus, et ça donnait dans le rêve un résultat fantastique, qui ressemblait étrangement à la méditation du cycle Vergessene Weisen 2e cycle (op 39) de Medtner... Je me souviens que ça jouait beaucoup sur le chromatisme, mais je ne souviens plus si j,avais fait un lien entre les douzes sons chromatiques de la gamme et les douzes portions de l'horloge (--les douzes heures de la journée, quoi) mais bon... quand j'ai dû me réveiller pour aller à l'école, à peine levé j'étais persuadée (parce qu'encore endormie) que j'avais découvert quelque chose de fabuleux. Dur réveil, quand je me suis rendue compte que ça n'avait aucun sens.

Drôle de gage en fait d'aller en composition à l'UdM. En fait... je me demande bien ce que je foutrai là-bas. C'est une décision complètement folle. Ça coute un bras et ça ne me donnera pas d'emploi. En ayant mon bac, je n'aurai d'autre choix que de faire une maitrise. Maitrise en main, je n'aurai d'autre choix que de faire un doctorat. Doctorat en main, eh bien... je me jette en bas du pont parce qu'il n'y a plus grand chose à faire. À moins que je fasse en bac en autre après, dans un autre domaine, mais bon, étudier, encore et toujours, oui, et après? Est-ce que je suis condamnée à faire des jobs plates toute ma vie pour pouvoir subvenir à mes besoins, comme une prostitutions pour mes études? Et la compo! Parlons-en de la compo! N'est-ce pas là le pire coup de tête de ma vie?? Rendons-nous à l'évidence; je suis nulle en compo, c'est un des arts que je maitrise le moins; il me fascine, certes, et j'aurais envie d'en apprendre davantage, pourquoi ne pas me contenter de ce que j'ai déjà?? J'ai peut-être la réponse... ouais... la musique, c'est rien d'autre qu'un minable substitut à toute cette tragédie qui me colle à la peau.

Je me souviens encore, comme hier, l'époque où je fréquentais le cégep du vieux montréal en arts et lettres, j'ai jamais été aussi triste de ma vie, et je me rattachais à la musique pour palier à mes manques. Et le désir de faire de la musique, c'en est devenu une espèce d'obsession avec le temps, parce que c'est un exceptionnel boucheur de trou. Au secondaire, j'étais toujours meilleure en maths quand j'étais déprimée; c'est la même chose pour la musique, j'ai l'impression. C'est un reflet de ma vie affective bancale. Je me ramasse toujours dans un cubicule à pratiquer mon piano parce que je n'ai personne vraiment à qui parler. J'aurais de la difficulté à nommer une personne de l'école qui soit vraiment proche. Il y aurait Madeleine, mais plus souvent qu'autrement, c'est à sens unique. Je ne vois pas qui d'autre. La personne qui m'est le plus proche présentement, c'est Francis, parce qu'il n'arrête pas de m'appeler pour me demander des informations sur la harpe à la page 94 de mon traité d'orchestration de Adler, et puis on bouffe des chips-ketchup-cheeze wiz-salsa-sauce à fruits de mer-nutella-mélasse-feuilles de menthe-toast melba parce qu'on s'emmerde, mais je peux pas dire n'importe quoi parce que je sais pertinemment qu'il vient voir religieusement les updates de ma site, donc que probablement qu'il vient juste de lire cette phrase, n'est-ce pas, Francis? j'ai rien contre, j'ai absolument rien contre, mais reste que c'est contraignant. Enfin, tout ça pour dire que je me rabats sur le piano, parce que je suis carrément repoussante.

Je lève mon verre donc à ma repoussantité, parce que sans elle, je serais pas ce que je suis aujourd'hui. j'aurais probablement rien à dire, je ne serais pas en musique et je ne dessinerais que des bonhommes allumettes. C'est l'insatisfaction qui pousse à l'action, c'est le désespoir qui amène tous ces substituts. Je resterai seule toute ma vie, pas parce que je le veux, juste parce que c'est comme ça. Je suis incapable de laisser les autres me toucher et de toute façon, c'est une source inépuisable de déception. Alors buvons au repoussantisme, la solution à la satisfaction généralisée. Glou glou glou.

Vendredi denrier, au salon de thé, Caro m'énonçait ses problèmes de couples et de non-jouissance pendant l'acte avec son ami. Je me demande comment je suis supposée réagir, je n'ai aucune idée de quoi elle parle. J'ai toujours dit que j'haissais les couples, en fait, je déteste l'attitude égo-centriquiste des couples, qui voient le monde siparaître autours de ce trou qui leur sert de nombril. En fait, mis à part ce comportement aveugle et parfois hautain sur les célibataires de la part de ces couples, je n'ai pas grand chose contre eux, à part peut-être le fait qu'ils sont le reflet incommensurable de ma non-vie de couple, donc le repoussantisme qui me fait défaut, et ma condamnation à vivre pour toujours dans l'ombre même de mes propres productions, mes réalisations substitutives à mon affect troublé -- et poinçonné par la vision blâmatoire avec laquelle la société contemporaine expose le sort des célibataires dans mon genre. (Ma foi, c'est le festival des mots inventés.) C'est vrai, quoi - être célibataire, c'est un véritable fardeau social, j'irais même jusqu'à dire que c'est une marginalité. On les méprise, incapables de s'engager, ou sinon ce sont des malades freudiens qui n'ont pas assez marché à quatre pattes quand ils étaient petits. Les annonces de yougourt à la télé même vous projette une image à adopter dans le seul but de plaire au sexe opposé, la mode des vêtements a cette tengeante, les vedettes pop aussi, les annonces de parfum, c'est les pires! Les émissions à la télé, les télé-romans, les livres de psycho-pop, tous, merde, tout le monde ici placent l'idéal dans le couple, de telle sorte que dès lors, c'en ai fini de nous, on est tous brainwashés par l'idée clair et inaliénable que les symbole de réussite se trouve dans le couple et dans la carrière. Si c'est pas un, c'est l'autre. Résultat? Eh bien! Je fais quoi en marge de tout le monde? Et devinez ce qu'est le voeu de plus cher de ma mère? (la famille de ma mère est extrêmement familiale... je ne sais pas ce qui arrivera quand ils verront que ma cellule familliale ne dépassera jamais le seuil de mes orteils).

Ouais, c'est ça. Ne me touchez pas, et en retour, je vous fait plein de beaux dessins. La réussite de sa propre vite, c'est la couple et la carrière. Je n'aurai ni un ni l'autre, donc je périrai nécessairement sans avoir atteint aucun idéal, en ayant vraisemblablement raté ma vie, c'est bien ça? Est-ce que ça vaut la peine de jouer quand on sait que c'est perdu d'avance, dites-moi?

Je me suis scrappée les doigts à force d'essayer de faire des glissendos sur des Kawai. C'était une mauvais idée. Mais il va bien falloir que je me fasse de la corne, je vais apprendre le concerto de ravel, la session prochaine. En fait, la session prochaine, je vais apprendre plein de pièces de la mort, un programme vriament intense. J'ai aussi trois idées de scénarios de BD relativement courtes (3 à 6 pages) et je veux illustrer un proverbe à chaque semaine à côté du local d'Andrée Bessette. Je veux terminer mon intermezzo à temps pour le concours de compo de radio-canada, je veux aussi peut-être ssayer de participer à un petit concers de piano, si mon programme rentre dans leurs exigences. J'ai envie de refaire mon site, il faut aussi que je construise mon portfolio pour l'université. Je devrait finir cette mini-encyclopédie de compositeur, et me lancer à fond dans cet opéra que j'avais commencé jadis. Il y a aussi cette idée de maryse, de faire des T-shirts avec mes dessins dessus et les vendre (les premiers pas ont pas été convainquants, soi dit en passant - pour la sérigraphie, on peut juste faire des chandails en grosse quantité, 24 minimum ou j'ai regardé).

Et dans un autre ordre d'idée, dans la catégorie ça me tente pas, faut que je refasse mon Cv, faut que j'aille le porter à des places, faut que j'aie un travail, faut que je paie mon logement et ma bouffe pour janvier.... je déteste... je déteste... je ne veux pas travailler... ouache le travail, c'est de la prostitution.

Non au travail
Non au couple
Oui à la réalisation personnelle
Oui au repoussatisme