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17 novembre 1999

C'était en français, l'avant-dernier cours de la journée. On vous a mis, la veille, entre les mains un roman qui se nomme "Les Cerfs-volants". J'espère que je ne fais pas de fautes d'orthographe. Je n'aime pas ce livre. Il me donne envie de vomir. Mais seulement, les raisons, je ne peux pas les dire. Car au fin fond, j'aime ce livre. Mais il me rappelle trop d'horribles choses. Qui durent peut-être encore. Et de plus, Carmen nous laisse une demie-heure de classe pour le lire. Et elle nous met du chopin. J'adore Chopin. Mais pas en lisant ce roman. Ce fut une torture, torture que je devrai souffrir tous les cours de français. Je veux tellement pleurer que je vomirais mon âme sur mon bureau. Je ne vois pas d'autre moyen de dire vraiment ce que je ressens. Vomir mon âme. Sortir de mon corps par ma bouche, avec un effort suprême. Quelque chose de dégoûtant à regarder, et qui laisse un corps sans vie.

Puis, Carmen nous as donné en devoir d'écrire une introspection sur le thème du roman. Elle nous a lu des exemples. Le premier texte était fort joli. La personne qui l'a écrite (je ne sait pas c'est qui) avait comencé à lire le roman à 23h30, morte de fatigue, et elle l'a continué jusqu'à 1h45, imcapable de dormir. La personne disait qu'elle voudrait bien prendre son vélo, et rouler jusqu'à la montagne pour continuer le livre au clair de lune, mais malheureusement, elle regrette d'être trop rationnelle.

Le second me fit mourir. Je suis allée voir Carmen après le cours pour lire un peu plus de cet auteur. C'était si beau, vous me pouvez pas imaginer. C'est une des plus belles choses que j'ai entendu, et que j'ai lu (quand j'ai lu un autre texte du même auteur ensuite). C'est un gars qui était en 5e secondaire l'an passé, donc ayant un an de plus que moi. Je me dit que c'est dommage que je ne l'aie pas connu. Malgré que je ne connais pas beaucoup de personnes plus vieilles que moi. Mais je m'en fout.

Enfin. Ça m'a fait mourir. Mourir d'envie, de chagrin, d'ivresse et de tout ce que vous voulez. Je ne dirai pas son nom. Je serais trop gênée de le dire. Trop petite devant lui, si je le croise un jour (je ne crois pas que ça va arriver. Si jamais je le croise, je ne le reconnaîtrai probablement pas). Est-ce de l'admiration sans borne ou de l'envie refoulée qui me fait sentir ainsi? J'aurais voulu avoir un don pour l'écriture. Dieu, au lieu de me donner un seul don et l'explorer à fond m'a donné des milliers de petites paillettes de talents dont j'ai de la difficulté à approfondir. Peut-être que dans moi, je souhaite être la meilleure. C'est égoïste, vous me trouvez pas? Mais c'est pathétiquement vrai. C'est peut-être un de mes souhaits les plus chers, et j'en ai horriblement honte. Je ne peux simplement pas cacher la vérité.

Et à quoi me servent ces paillettes de talent si je garde tout pour moi... J'aimerais pouvoir les partager avec d'autres. Mais je me sens piégée, ou je ne sais foutrement pas quoi.

Je suis lasse. Lasse d'être ici. Lasse d'apercevoir devant mes pupilles des millions d'étincelles extraordinaires mais de ne pouvoir en saisir une seule. Lasse d'être encagée entre le désir de m'enfuir et le désir de rester.

Je ne me suiciderai pas. Jamais jamais jamais jamais. Ne comptez pas sur moi. C'est hors de mas valeurs. Ça provoque en moi une nausée assez incomparable. Un dégoût des plus amer. C'est contre mes valeurs, contre tout sur quoi se base ma vision de la vie. Tout ce que je puis dire, c'est que je mourrai d'un accident. Je n'attendrai pas que la maladie me ronge les os ou que la vieillesse viennent m'enlever tout mon goût à la vie. Non. Ce sera une surprise. Par derrière. Quelque chose d'accidentel que je n'aurai pas prémédité. Et j'aurai vécu assez de vie pour partir.

19h55

Ce soir, je suis allée dans ma chambre. J'ai écouté du chopin. J'ai ouvert tous mes livres d'école. Mais j'étais incapable de faire quoi que ce soit. J'ai alors pris un crayon. Pour dessiner. Rien n'est sorti. J'ai pris du papier pour écrire. Rien non plus. Je suis seulement restée une heure assise dans ma chambre à ne penser à rien. À avoir ce mal de vivre. à me dire: j'ai tant de choses à faire mais en ne faisant rien. J'ai écrit des trucs dans mon agenda. J'ai relu l'album. J'ai vu mes anciens dessins. Toujours en écoutant Chopin. Puis je voulais écouter ma première gymnopédie (c'est d'ailleurs la première chose que j'ai fait en revenant de l'école; il n'y avait personne à la maison, alors j'en ai profité, je me suis installée au piano et j'ai joué la première gymnopédie de Satie ainsi que du prélude de Rach). Cette gymnopédie est ce que je pourrais appeler la Musique qui pleure. Quand on en joue ou quand on en écoute, ça donne la même sensation que quand on sent des l'eau couler des deux côtés de notre odorat. Mais j'ai égaré le disque. Et je ne peux pas jouer. Toute la famille est dans le salon. Je suis quasi incapable de jouer quand ils sont là.

J'espère que ce blocus psychologique s'arrêtera bientôt. J'ai des millions de trucs à faire pour l'école. Je suis si lasse que je n'ai même pas la force de lire les Cerfas-Volants. C'est peut-être le vaccin d'aujourd'hui qui a  fait ça... Ouais, on a reçu un vaccin contre l'hépatite B.

J'aimerais rencontrer des gens. Voir du nouveau monde. Comprendre ce qui m'entoure. Pouvoir aimer tout le monde pour que les gens me respectent en retour. Qui ne souhaite pas ça? Ah.. j'ai mal... Et il n'y a pas de morphine à ma disposition pour ne plus rien ressentir...

Ya des jours où je me dis: qu'est-ce que je vais apporter plus tard à ma société? Ma seule certitude quant à mon avenir est que je serai artiste. Mais je me suis souvent posé la question: est-ce qu'un artiste n'est pas un un indésirable dans une société? Un microbe qui nuit au développement d'une civilisation? Le médecin soigne la population, l'avocat défend la population, le professeur enseigne à la population, ce sont tous des besoin primaires ou presque, mais que fait l'artiste? Il est centré sur son égo... Non? J'ai de la difficulté à exprimer réellement ce que je veux dire...

20h34

J'ai pris une douche. Je me suis sentie comme une schizophrène qui se parle. Il y avait bomme une bande magnétique de lein de paroles qui se déroulait dans ma tête, sans interruption.

Quand ça va pas super, d'habitude, je dessine. Mais ce soir, rien ne vient. Ça m'inquiète. Je n'aime pas ça.

Vous, cher lecteur, vous qui lisez ceci. Je vous en prie. Si vous me croisez quelque part, si vous me voyez ou me connaissez, ne venez pas me parler de ces textes. Mon faux sourire qui est devenue une seconde nature s'écroulerait et je voudrais probablement m'enfuir en courant pour me cacher dans un trou de taupe. Et puis.. vous qui lisez ceci: je vous aime. Oui, vous! Ce n'estpas à votre voisin que je parle, c'est bien à VOUS! Car vous pouvez peut-être penser que vous me tombez sur les nerfs, que je ne peux pas vous sentir, que j'ai de mauvais sentiments envers vous, mais tout ceci est erroné! Je vous en prie, je vous en conjure... Effacez vos préjugés, envers moi ou envers tout le monde. Personne à la base n'est une méchante personne, et je ne connais pas beaucoup de personne qui fontle mal pour leur propre plaisir. Et si vous êtes vraiment certain que je ne vous aime pas, que je vous regarde souvent croche ou que je vous fuis, eh bien c'est probablement le contraitre. J'ai une de ces mauvaises habitudes à fuir ceux avec qui j'aimerais tisser des liens mais qui me semblent trop innateignables.

Mea culpa. Tout est ma faute. Je m'excuse, pardonnez-moi. J'avale ma punition.

Après tout, comme dirait Neon Genesis Evangelion:
What I fear is
rejection
What I want is
another's touch, another's respect.

Je crois que j'aspire à devenir "La bête qui criait "je" au centre de l'univers".

Passez une belle nuit tout le monde.

Section Dessin